1930 : le charbonnage du Bois du Cazier en feu.

Le vendredi 7 mars 1930, vers 4 h 00 du matin, une explosion s’est produite à la taille en défoncement au niveau de l’étage 975 de la veine « Gros Pierre » du puits St Charles du charbonnage du Bois du Cazier à Marcinelle-Haies., cet étage 975 qui, le 8 août allait être à l’origine de la plus grande catastrophe minière de notre pays.

Le Bois du Cazier aujourd’hui

L’alarme est donnée par le porion Camille Hembise qui téléphona de l’envoyage. Cet homme habitait au n° 16 de la rue Tienne Bricoult, pratiquement au pied des puits. Né à Marcinelle le 27 mars 1891, il était âgé de près de 39 ans. Son épouse Angeline Van Mellaert lui avait donné deux enfants. Lui-même travaillait au Cazier depuis près de 25 ans étant entré « à’l fosse » aux côtés de son père et de celui qui allait devenir son beau-père en 1906. A l’époque, plusieurs membres de la famille Hembise habitaient Marcinelle et presque tous étaient mineurs.

Hembise Alfred, rue du Cazier 16 né à Marcinelle le 06-08-1911, époux de Simone Valise.
Hembise Arthur, rue de la Gare, 134 né à Marcinelle le 01-10-1868, veuf de Mathilde Vanasveld, père de notre porion, toujours inscrit comme mineur. Toutefois à l’époque, il était en instance de pension comme invalide. Il avait près de 40 années de travail au fond.
Hembise Félicien, rue de Nalinnes, 282, né à Marcinelle le 01-08-1894, époux de Emilia Preat, frère de Camille.
Hembise Georges, rue du Cazier, 2 né à Montigny-le -Tilleul le 26-10-1892, célibataire.

Peu de temps après l’annonce du coup de grisou, MM Cappelen, directeur gérant, Delaye, directeur des travaux, Bohy, ingénieur divisionnaire, Gillet et Legrand, ingénieurs principaux, Desenfants, directeur du Corps des mines, arrivent sur les lieux.

Louis Legrand, ingénieur du Corps des mines, né le 15 décembre 1882à Monceau-sur-Sambre habitait route de Philippeville 121 à Marcinelle. Il avait épousé Suzanne Degrignart.

L’équipe de secours aussitôt organisée comprenait MM Bazin, Michont, Oscar, Guillaume, Servais, Pasman, Collyns et Descamp, tous mineurs ou porions expérimentés, travaillant sur place. Ils étaient volontaires.

Vital Bazin habitait rue du Charbon, 50 où il exploitait une petite ferme avec son épouse Venise Aggeethiry. Il est né le 4 décembre 1887. Leur fils aîné, Léon, reprit la ferme et l’agrandit. Il ne descendit pas dans la mine.

Oscar Guillaume habitait rue de Charleroi (avenue Meurée), 49 à l’étage du commerce d’un marchand de fruits et légumes. Né à Jamagne le 10 juillet 1889, il était l’époux de Marie Van Bever de Marcinelle.

Jules Collyns, rue de Nalinnes , 121, né à Jamioulx le 27 juin 1889, avait épousé Bertha Marlier.

Les sauveteurs sont descendus jusqu’à 300 m du chantier. Ils ont retrouvé les victimes dans les tailles 5 et 6. Les blessés étaient pour la plupart dans la taille 5. Par contre, dans la taille 6 où le dégagement s’était produit, tous les ouvriers avaient péri.

La déflagration avait été très violente. Seuls, les porions Hembise et Leclou qui se trouvaient à une vingtaine de mètres, protégés par un angle où ils installaient un boisage, ont pu se sauver

Au chantier « Paumes » au-dessus de l’étage 975 (soit l’étage 835) le déplacement d’air avait été ressenti.

Les victimes avaient commencé leur travail à 9 heures du soir et la fin était prévue pour 5 heures du matin.

A 9 h 30, les cadavres furent remontés. Une » demi-heure plus tard, c’était le corps de Stanislas Netron, un Polonais habitant rue du Grand-Pont.

Les docteurs Salmin, Widert, Thibaut et Lafine étaient à ce moment sur les lieux pour donner les premiers soins aux blessés avant de les diriger vers l’Hôpital civil de Charleroi et l’hôpital Sante Thérèse de Montignies-sur Sambre.

La liste des blessés comporte les noms de Victor Baulois, porion de nuit, Saïd Ben Hoiene, Grégoire Ostakoff, Henri Tolback, Stephen Turtoff, Stanislas Pantak, Jean Gilliams, Saïd Ben Ahmed, Michel Busa et Saïd Ben Hossen. Il s’agissait de ressortissants belges, ploonais et marocains.

Les morts étaient

En 1956

Alphone Pirson, né à Marcinelle en 1875, domicilié rue André Vésale
Bartholme Jerino, rue de Philippeville
Théophile Godevriendt, né à Linden en 190 et domicilié Petite Chenevière
Czeslaw Radziscroski, Polonais né en 1902 et domicilié rue de la Régence 41 à Charleroi
Stanislas Netron, Polonais, né en 1903 domicilié rue du Grand-Pont
Mohamed Ben Borik, Marocain
Jean Karezaniski, Polonais
Antoine Ditach
Nicolas Varmedan
Isek Leukowiez
Allas Thadré, Polonais
Joseph Delebecq, identifié après les autres, était Belge.

Le visage brûlé des victimes les rendait difficilement identifiables. Les corps des étrangers vivant seuls ont été gardés provisoirement au dispensaire du charbonnage.

Par la suite, un des blessés de nationalité tchèque, Friadicas est décédé à l’hôpital, ce qui portait le nombre de morts à treize. Les blessés au nombre de dix retourneront chez eux quelques jours après la catastrophe tandis que certains grièvement blessés, durent rester à l’hôpital près de deux mois.

Lors de l’enquête destinée à établir les causes de l’accident, le porion Camille Hembise a déclaré n’avoir pas vu de flamme mais un formidable tas de poussière, immédiatement après l (explosion qui l’empêchait de voir ses camarades malgré leurs lampes. On a évoqué comme cause de la mise à feu, une lampe dévissée.

Ces renseignements ont été extraits des journaux de l’époque du 7 au 13 mars 1930 : le Journal de Charleroi, le Rappel, la Gazette de Charleroi et Le Pays wallon

Merci à notre ami Roger Nicolas qui a résumé cette première catastrophe du Bois du Cazier de Marcinelle

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