La recapitalisation du holding : l’opération de tous les dangers pour les collectivités locales

Ce soutien des autorités belges n’est cependant pas sans conditions. Ces derniers annoncent dès la fin 2008 que le prolongement de l’octroi de garanties au-delà du 30 septembre 2009 nécessitera une recapitalisation du holding lui-même.

Le 15 décembre 2009, les autorités locales sont conviées à participer à une augmentation de capital d’environ 500 millions d’euros. Deux possibilités sont offertes aux provinces et aux communes :

l’achat d’actions privilégiées de type A ; il s’agit de nouvelles actions qui, selon les dires de la direction du holding, donneront accès à des dividendes de 13% par an pendant 10 ans ;

l’achat d’actions privilégiées de type B, accessibles pour les communes et les provinces en échange de leur certificat d’anciennes actions Dexia en leur possession depuis 2000.

Mayday ! Mayday !

Au moment de « vendre » l’opération aux autorités locales en septembre 2009, les instances du holding communal se voulaient rassurantes quant à l’évolution du cours de l’action Dexia, et affirmaient : « Bien que les affaires ne soient pas encore revenues à un niveau normalisé, l’évolution récente du cours a été favorable. » [5] Si le cours de l’action était à cette époque bien loin de son prix d’achat par le holding ( 9,9 euros) il est vrai que l’année 2009 a été marquée par une tendance à la hausse, passant d’un très inquiétant 1,53 euros en mars à 4,46 euros le 15 décembre, jour de l’opération.

Les communes et les provinces ont-elles été rassurées par cette analyse optimiste ? Ont-elles été appâtées par les 13% de dividendes promis ? Quelle qu’en soit la raison, force est de constater que l’augmentation de capital fut un véritable succès pour le holding. Sur 600 collectivités actionnaires du holding, 490 ont acheté des actions de types A, et 589 se sont procuré des actions de types B.

Oui mais voilà, les prédictions du holding ne se sont pas vérifiées et les années 2010 et 2011 ont été celles de la descente aux enfers pour l’action Dexia. Alors que le holding valorise l’action dans ses comptes à environ 8 euros, son cours en bourse est de 1,28 euros au 22 octobre 2011.

Asphyxié par cette situation, le holding communal fait appel aux autorités belges en se déclarant incapable d’honorer une dette de 5 millions d’euros arrivant à échéance le 24 octobre 2012.

« La douloureuse, s’il vous plaît ! »

Effrayées par les conséquences d’une mise en faillite, les autorités belges se mettent d’accord pour assurer les besoins financiers de la structure, jusqu’à ce que sa mise en liquidation soit actée par l’assemblée générale exceptionnelle du 7 décembre 2011.

Au moment de négocier l’accord programmant la liquidation, commence alors une véritable foire d’empoigne entre les acteurs institutionnels pour décider de qui doit assumer le coût de ce fiasco. Alors que le fédéral aime à rappeler que la responsabilité de contrôle du holding communal incombait aux régions, ces dernières ne se gênent pas pour rappeler qu’elles ont déjà largement mis la main à la poche lors du premier sauvetage de Dexia en 2008. Quant aux communes, elles accusent leurs autorités de tutelles (les régions) ainsi que le gouvernement (Didier Reynders en tête) de les avoir poussées à participer à la recapitalisation du holding.

A suivre

Emile Paumard

Extrait du CADTM (Comité pour l’Abolition des Dettes Illégitimes)

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