Dans le concept stratégique de Lisbonne (2010), qui précède celui de Madrid, il n’est fait aucune mention de la Chine. Dans le texte issu du sommet de Madrid, la Chine est mentionnée explicitement sept fois. Cinq autres paragraphes soulèvent la menace que représentent les « compétiteurs stratégiques » de l’OTAN, parmi lesquels figure la Chine.

Ce pays devient donc désormais un « rival systémique » de l’alliance atlantique en ces termes : la Chine « affiche des ambitions et mène des politiques coercitives qui sont contraires à nos intérêts, à notre sécurité et à nos valeurs. […] Elle recourt à une large panoplie d’outils politiques, économiques et militaires pour renforcer sa présence dans le monde et projeter sa puissance. […] Ses opérations hybrides ou cyber malveillantes, sa rhétorique hostile et ses activités de désinformation prennent les Alliés pour cible et portent atteinte à la sécurité de l’Alliance. »
Parallèlement, le concept stratégique de Madrid approfondit encore l’affirmation de la présence internationale axée désormais explicitement sur « les intérêts » de l’OTAN et sur la « prospérité » de la zone euro-atlantique, dans le cadre de la compétition internationale avec les « compétiteurs stratégiques », au premier rang desquels, bien sûr, la Chine.
Nous avons donc demandé aux partis politiques s’ils estimaient eux aussi que la Chine constituait une menace pour la Belgique vis-à-vis de laquelle il fallait se prémunir avec des moyens militaires. Si la réponse est globalement « oui », on peut lire dans les explications que la position des partis reflètent les débats vivants à l’intérieur de l’OTAN entre, globalement, les Etats-Unis (qui poussent l’OTAN vers une posture plus offensive vis-à-vis de la Chine) et les pays de l’Union européenne (qui tentent de légèrement canaliser cette volonté en soulignant les partenariats économiques noués avec le pays).
Ceci étant, dans le cadre de la recrudescence des tensions entre la Chine et Taïwan, le Haut Représentant de l’Union Européenne pour les Affaires étrangères, Josep Borrel, avait appelé au mois d’avril 2023 les composantes marines des armées des États membres « à patrouiller dans le détroit de Taïwan pour signifier l’attachement de l’Europe à la liberté de navigation dans cette zone absolument cruciale ».
Nous avons donc demandé aux partis politiques s’ils soutenaient ce type de démarche de confrontation militaire.
S’il répond « oui » à la question, le MR ne précise pas sa position mais se limite à rappeler que cette déclaration engage toute la coalition « Vivaldi » tant elle a été entérinée en Comité ministériel.
Défi a le mérite de la clarté quand il signale qu’« il est essentiel, en vue de préserver notre crédibilité, d’assurer notre présence dans des zones de tensions afin que la Chine ne considère pas ces lieux comme acquis dès qu’elle menace ou montre les muscles ». Une clarté qui s’observe aussi chez les Engagés, avec encore plus d’emphase, tant ce parti veut rester attentif « à tout risque de mainmise de la Chine sur Taiwan qui a le droit à aspirer à la liberté et à décider librement de son destin et la déstabilisation de la région qui aurait un impact sur la stabilité et la paix du monde entier. »
Le PS n’a pas répondu à la question. On peut cependant supposer que ce parti aurait répondu « Non » à la question puisqu’il entend « soutenir les positions – mesurées, constructives et proportionnées – les plus aptes à permettre le respect des règles convenues du droit international. »
Ecolo estime « que ce type d’actions est plus à même d’attiser les tensions avec Pékin que de les apaiser » et rappelle que « l’Union Européenne dispose d’autres leviers pour signifier à la Chine notre attachement à la liberté de navigation ».
Le PTB veut rappeler, lui, que « ce sont les porte-avions américains qui sont en Mer de Chine, pas les porte-avions chinois en Mer du Nord » et souligne que sa vision de la défense « est celle de la défense du territoire uniquement. Notre armée n’a pas vocation à aller patrouiller à l’autre bout du monde. »
A suivre
Samuel Legros
Extrait du CNAPD