Le 15 mars 1939, Hitler a créé le Protectorat de Bohême-Moravie

Le 15 mars 1939 est l’une des dates les plus tragiques de l’histoire tchèque: ce jour-là, il y a 65 ans, Hitler a occupé le reste de la Tchécoslovaquie, déjà amputée, suite aux accords de Munich, de ses régions limitrophes. Le dit Protectorat de Bohême-Moravie est créé sur notre territoire.

Outre les 4 zones limitrophes cédées lors des accords de Munich, Hitler a annexé au Reich une 5e marquée, par lui-même, sur la carte. Cette dernière comprenait les monts Orlicke, à l’est du pays, et continuait à l’intérieur de la Moravie, jusqu’aux villes d’Olomouc, Pribor et Ostrava. Suite à Munich, la Tchécoslovaquie a perdu un tiers de son territoire habité par 4 millions d’habitants. Elle a cédé à Hitler les plus importantes branches de son industrie. Son intégrité a essuyé un coup dur par la proclamation de l’autonomie de la Slovaquie, le 19 novembre 1938. Le 30 novembre 1938, le président du Protectorat Emil Hacha remplace le président démocratiquement élu, Edvard Benes, parti en exil à Londres. La Tchécoslovaquie est sacrifiée au nom de la sauvegarde de la paix en Europe mais, en réalité, Hitler n’a jamais renoncé au plan de sa destruction. Le 17 décembre 1938, il donne la directive au commandement de la Wehrmacht en vue de l’occupation militaire du pays.

Jusqu’en mars 1939, le gouvernement de Prague s’emploie pour obtenir des garanties sur l’intangibilité des frontières tchécoslovaques. Ses démarches déployées auprès de la France et de la Grande-Bretagne restent sans résultat. En janvier 1939, le ministre des Affaires étrangères tchécoslovaque Frantisek Chvalkovsky propose à Hitler une série de concessions, dont l’union douanière avec le Reich, en échange de la garantie des frontières. En vain. La décision de Hitler est déjà prise. Le 13 mars 1939, le gouvernement de Russie subcarpatique faisant partie de la Tchécoslovaque proclame l’indépendance, sous la protection de l’Allemagne. Le 14 mars, le parlement slovaque proclame la République slovaque libre.

Le président d’Etat, Emil Hacha, est appelé à Berlin. Son train spécial y arrive à 23 heures. Pendant toute la nuit, jusqu’à 4 heures du matin, des négociations entre Hitler et Hacha se poursuivent. Hacha espère pouvoir persuader Hitler sur le maintien du gouvernement pragois. Or, Hitler lui annonce que le lendemain, la Bohême et la Moravie seront occupées. Il menace que la Luftwafe rasera Prague tant qu’une résistance sera opposée. Après des heures de pressions au cours desquelles Hacha, malade, perd plusieurs fois la connaissance, le document imposé sur l’occupation est signé, à l’aube du 15 mars. Ce même jour, à 6 heures du matin, les troupes nazies entrent dans Prague.

Sur l’air du poème symphonique Vysehrad de Bedrich Smetana, la radio annonce que les unités militaires du IIIe Reich ont franchi la frontière pour assurer la protection de la Bohême et de la Moravie, sur la demande du président Hacha.

La colère, l’amertume, le désespoir, bien des sentiments envahissent les gens rassemblés dans les rues de Prague. A peine retiennent-ils leurs larmes. Ils ne peuvent qu’assister, en spectateur impuissant, à l’entrée de troupes d’occupation dans leur pays, Dans les archives sonores j’ai trouvé des enregistrements authentiques de cette journée-là.

Reporter Frantisek Kocourek

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