Les coupeurs de fausses voies gagnaient de 210 à 220 francs par jour. À la fin de ce poste, il ne reste plus qu’une havée de libre avec les tôles sur le mur pour faciliter la descente du charbon. Le matin, chaque ouvrier abatteur se dépêchait de faire un trou dans la veine pour être à l’abri des coups de gaillettes et il devait alimenter la trémie car dans certaines tailles, on chargeait jusque 400 chariots. Cela c’était pour le premier poste.
Au deuxième poste, il y avait quelques ouvriers pour abattre les stocks de charbon qui restaient car certains ouvriers du premier poste n’avaient pas terminé leurs 6 mètres. Les hommes du deuxième poste devaient terminer le boisage et les manœuvres nettoyaient le charbon et avançaient les tôles dans le couloir d’une havée. Il restait une havée de libre que le troisième poste comblait en remblayant avec la terre des fausses voies.

Parfois, s’ils n’avaient pas assez de terreet on devait en amener par chariots à la voie du tierme.
J’ai, ici, expliqué de mon mieux une journée de travail dans la mine. Bien sûr, des ennuis, on en a rencontrés tous les jours soit que le toit était très friable soit l’arrivée d’eau car parfois il arrivait qu’il pleuve dans la taille. Cela, je l’ai beaucoup rencontré à Forchies la Marche. Après une heure de travail, on était vraiment trempé
. Nous avions aussi le grisou ou à cause d’un accroc quelconque, les chariots n’arrivaient pas assez vite à la taille et celle-ci se remplissait de charbon et parfois les ouvriers étaient y bloqués. Quand cela arrivait, les porions ou les surveillants devaient courir d’une galerie à l’autre pour faire parvenir les chariots à la taille.
Je vous ai déjà parlé des porions et surveillants mais cela ne serait pas bien de ma part si je ne disais un mot au sujet de nos amis flamands et des autres, les Polonais et les Italiens qui ont eu le courage d’apprendre le français et surtout d’aller suivre les cours de mine.
Voici quelques noms que j’ai retenus Arthur Van Wemerck, Richard et Edmond Van Puyvelle, Everaert à Jumet. Encore à Trazegnies : Syndeck , le Polonais, Bussolin, L’Italien. Je m’excuse si les noms ne sont pas bien écrits. Il y avait aussi mon ami Léon Saint-Denis avec qui j’ai travaillé une dizaine d’années au poste de nuit. Il y en avait encore d’autres dont je ne me rappelle pas les noms. Je m’excuse auprès de ceux que j’ai oubliés.
Comme j’ai gardé un bon nombre de carnets, je sais vous dire qu’en premier lieu, il y avait les carnets de pointage. Le porion ou le surveillant passait dans les vestiaires pour pointer les hommes. Nous connaissions aussi les absents après être montés à la lampisterie. Ensuite, nous avions les carnets pour inscrire le nombre de mètres de charbon abattu sur les voies de niveau ou du tierme.
L’avancée était ajoutée chaque semaine et on avait les carnets des salaires des ouvriers puisqu’ils étaient payés à l’avancement. Nous, les porions et surveillants devions calculer le salaire des ouvriers qu’on avait sur un chantier. Les porions des postes de nuit devaient se présenter au bureau tous les lundis. En premier, c’était le conducteur qui contrôlait les salaires et les signait pour accord. Ensuite, on les donnait aux employés qui faisaient les fiches de paie. C’est pourquoi les ouvriers recevaient leur solde chaque samedi car chez nous, on ne donnait pas d’acompte. En 1946, les ouvriers abatteurs touchaient 1110 francs par semaine après la retenue des taxes et de la pension ce qui faisait 220 francs par journée. En 1949, nous avons été augmentés après une grève de quelques jours pour arriver à 275 francs par jour. Je joins une fiche de salaires pour prouver l’authenticité de ce que j’écris.
A suivre.
Jean, le mineur.