
1957- 1958
J’ai eu beaucoup d’ennuis avec Messieurs les ingénieurs et directeur. On m’a changé de travail. On m’a déplacé au désameublement donc je devais surveiller les étages 490 et 570. J’ai eu des discussions continuelles avec le chef porion ainsi qu’avec le conducteur, Monsieur Jean-Pierre. Je devais faire très attention à mon travail car j’étais surveillé de près par mes supérieurs. Ils cherchaient vraiment à me prendre en défaut.
Pour mes frères, Joseph et… C’était bien dommage car étant porion à la même taille, je pouvais les aider beaucoup afin qu’ils aient moins de mal. Mon frère … qui était au bouveau a été placé dans la taille 20 en raison du fait qu’il n’y avait plus de bouveaux en chantier.
Donc début 1958, les travaux préparatoires étaient finis. On a commencé à placer des porions au charbonnage Saint Arthur et au numéro 5, deux puits de la même société. Les premiers déplacés étaient Desmet, Dolivier, Hurbain, Joly, Syndeck. Ce dernier était porion à la sécurité.
Et voilà que le conducteur est mis à la retraite, atteint par l’âge et 30 années de mine. Alors le porion à la sécurité m’avait prévenu que je pourrais être choisi comme chef porion au troisième poste. Il m’avait dit : « Vous êtes trois porions : vous Sturbois, Gamache et Lecomte du numéro 51. » Alors je suis passé auprès des ingénieurs Monsieur Istace et Mutitn ainsi qu’après du directeur Monsieur Mouton. Ce dernier me dit que j’étais trop jovial avec le personnel. J’ai répliqué qu’il ne fallait pas frapper les gens pour les faire travailler et que jamais depuis mon entrée dans le personnel de maîtrise en 1949, je n’avais eu à déplorer un accident grave et que j’en étais fier. Mais c’est un chef du numéro 5 qui a été nommé chef porion au numéro 6.
C’est donc au cours de l’année 1958 que de grands changements s’effectuèrent dans le personnel de maîtrise. Le conducteur et les trois chefs porions que nous avions venaient du puits numéro 7. Alors moi comme porion au désameublement à 490, j’ai terminé ce travail au début de 1959. C’est ainsi que je reprends une place dans une taille pour quelques mois seulement puis le 15 novembre 1959, je suis déplacé au numéro 5 étant donné que le siège numéro 6 ferme ses portes.
Je suis toujours au troisième poste et dans une taille avec beaucoup de dérangements, très difficile. J’avais beaucoup d’heures supplémentaires et je remontais vers 8h, 8h30. Je fus dégoûté de ce travail tout comme les ouvriers qui restaient avec moi. Nous étions très fatigués.
Mon médecin m’a conseillé de prendre du repos. C’est ainsi que le 12 mai 1960, j’arrêtais et je passai des visites chez les spécialistes qui m’invitèrent à prendre ma retraite puisque j’avais 25 ans de service de fond.
Après 6 mois de maladie, j’étais pensionné invalide le 1er novembre 1960. J’ai reçu la pension de carrière complète le 1er janvier 1970.
J’étais une gueule noire
Jean le mineur.
Dans nos prochains numéros, Jean le mineur nous parlera de la vie des enfants dans la mine.