Un travail dangereux.

C’était bien dur de me retrouver seul au travail. Mais voilà, on m’a mis avec De Witte, un Flamand qui parlait bien le français et ensemble nous allions d’une taille à l’autre pour réparer les éboulements. Nous étions bien payés. Mais voilà, j’ai eu un furoncle sous le bras droit. Je suis resté plusieurs semaines à la maison puis j’ai repris le travail mais ne sachant pas me servir d’un marteau pique, on m’a mis comme manœuvre à 60 % sur un nouveau numéro 72 au niveau 889. Là, j’ai eu un grave accident.
Mais revenant au jour où j’ai repris le travail, on m’a mis comme manœuvre avec un ouvrier dont j’ai oublié le nom. Ce que je sais, c’est qu’il est le père de 8 enfants. Il était ouvrier raccommodeur. Nous réparions les galeries. C’était un très bon travail qui s’effectuait avec des claveaux en béton. Mais un jour, le conducteur, un Wallon, monsieur Marc Maloteau m’a demandé si je voulais être manœuvre à bouveaux à 60 % des ouvriers. Je gagnerais presque autant qu’un ouvrier abatteur de charbon. Malheureusement, j’ai eu un grave accident au mois d’octobre 1940.
En juillet 1945, ayant droit à une semaine de congé, nous sommes revenus chez mon parrain et ma marraine. Ils étaient occupés à tamiser sur le terril du Nord à Courcelles. Nous les avons accompagnés. Josée et moi, nous sommes restés une semaine en plus car on gagnait pas mal d’argent. J’avais envoyé un certificat médical à la mine de Béringen pour justifier mon absence.
J’ai eu mon accident quelques jours après avoir repris le travail. Je suis tombé dans le radier du bouveau avec l’autre manœuvre. On m’a remonté gravement blessé d’un enfoncement du bassin et d’un écrasement de la colonne vertébrale.
J’étais à la surface lorsque j’ai entendu le docteur dire à ceux qui me portaient : « Mettez-lui la tête en haut. Il vit encore. » On est allé chercher mon frère Georges qui travaillait à la surface. Il est venu me voir à l’infirmerie. On lui a demandé d’aller prévenir mon épouse car on allait me conduire à l’hôpital de Heusden.
J’y suis resté quatre semaines. J’ai demandé à rentrer chez moi ce qui fut fait mais 4 jours après, je devais passer la visite au dispensaire et le docteur me fit reprendre le travail
Je marchais avec deux cannes. Je suis allé voir l’ingénieur en chef au bureau. C’était un Wallon. Monsieur Forthomme eut un entretien avec le docteur. Il m’avait dit : « Ce n’est pas possible ! » Il était redescendu voir le docteur. Quand il est revenu il m’a dit : « C’est incroyable. Je ne peux rien faire car c’est vous qui avez voulu quitter l’hôpital. »
Alors il a appelé monsieur Maloteau, conducteur des travaux préparatoires et responsable des locomotives au fond. C’est ainsi que j’ai eu un bon travail. J’étais assis dans une niche à la chambre de travail d’envoyage au niveau 889 J’actionnais un treuil pour tirer les chariots de terre pour former des rames qui étaient conduites à fond de taille pour remblayer.
Un jour, Marc Maloteau m’a demandé si je voulais devenir machiniste loco. J’ai accepté et j’ai appris à conduire et je devins machiniste loco.
Comme les traîtres au pays étaient condamnés, ils pouvaient descendre dans la mine au lieu d’aller en prison. Mais pour ne pas les mêler aux ouvriers libres, ils venaient une heure plus tard. Alors je formais un train et je les conduisais à la taille. Ce travail me plaisait fort bien et n’était pas trop fatiguant pour mes blessures.
À suivre
Jean, le mineur