Au travail en Flandre.

Pour mes parents, le plus dur, c’était de trouver de la nourriture. Je suis allé plusieurs fois à la douane française acheter de la farine avec mes amis. Mais voilà, nous ne savions pas en acheter suffisamment pour notre famille. Au mois de mai, des affiches furent placées au charbonnage : « Si nous allions travailler en Campine, nous recevrions un double ravitaillement. »
Comme mon père était de nouveau malade, il avait été placé dans un sanatorium. Maman lui rendit visite et revint en disant : « Là-bas, on mange bien et le fermier voisin de lit de papa nous conseilla d’aller travailler en Campine. » Alors, avec mes frères Joseph et Pierre, je suis parti m’engager à Beringen. Nous avons commencé le travail là-bas, le 4 juin 1941.
Comme souvenir, pour notre premier jour, nous étions dans une taille de 2 m d’ouverture. Les ouvriers plus bas que nous ont eu une poussée de gaz. Les bois et les bèles ont commencé à tourner. Un chef porion nous a demandé si nous pouvions consolider pour éviter un éboulement ce que nous fîmes et ce qui nous valut d’être bien payés.
À ce moment, il y avait encore assez de porions, de chefs porions, de conducteurs et d’ingénieurs wallons. C’est pourquoi nous nous sommes bien plu d’autant plus que nous recevions du pain, des pommes de terre et que nous pouvions aussi aller chez les fermiers en Hollande.
Au travail, nous étions toujours ensemble mes frères et moi. Joseph qui était marié nous a cependant quittés et c’est mon frère Auguste qui est venu le remplacer.
Malheureusement, le vendredi 13 février 1942, je fus pris dans un éboulement et je suis resté 4 mois dans un hôpital à Heusden et 2 mois à la clinique du docteur Stassen de Montegnée (Liège).
On m’avait envoyé là-bas pour me placer des greffes de peau au coude et un peu après, j’ai pu reprendre mon travail. Comme nous étions toujours ensemble, mes frères Auguste et Pierre m’ont beaucoup aidé.
En 1943, on nous a amené des prisonniers russes. Nous avions 5 hommes chacun. Les Russes abattaient le charbon et nous les Belges, nous devions étançonner et veiller à la sécurité.
Un jour, les Russes qui étaient contents de la défaite allemande à Stalingrad se sont mis à danser. Mais un ingénieur nous a traités de saboteurs et le lendemain, mes frères et moi, nous fûmes envoyés dans une petite taille 0,6 m, à l’anthracite comme punition
Et ce même jour, il s’est produit un coup de flamme à la taille où nous étions occupés avec les Russes. Ils furent gravement brûlés et plusieurs en sont morts. Notre punition nous a donc sauvé la vie à tous les trois mais aussi des moniteurs belges furent brûlés dont le porion et le chef porion.
Puis vint la libération. Mes frères sont partis. Moi j’ai connu Josée. On s’est marié et je suis resté seul à Beringen
À suivre
Jean, le mineur.