Un vélo.
En septembre de la même année, un marchand de vélos à bon marché s’est installé à Viesville. Les vélos portaient la marque Arc-en-Ciel. Ils étaient fournis par un grossiste de Gosselies, Pierre Van Vandermissen, surnommé Pierre Delire. Je me souviens que nous avons acheté chacun une bicyclette. Moi, un vélo routier à payer 5 francs par semaine et mon frère Joseph un vélo de course. Dans ces années, tous les jeunes voulaient faire de la course en vélo.
Je peux dire que j’étais heureux. C’était mon premier vélo et pour aller travailler, on partait une demi-heure plus tard le matin et le soir, on pouvait rentrer jusqu’à 45 minutes plus tôt. Le dimanche, nous pouvions faire des promenades avec nos camarades.
Et voilà qu’un jour, un voisin, Émile Nagels qui travaillait à Forchies -la-Marche est venu dire à mon père que si nous voulions aller travailler là-bas, j’aurais 20 francs par jour et mon frère Joseph 25 francs.
Pour mes parents, cela faisait 8 francs de plus par jour. Nous nous sommes engagés et le 15 octobre 1936, nous avons commencé au siège de Monceau Fontaine, e numéro 10 à Forchies-la-Marche.
Heureusement, nous possédions un vélo pour nous y rendre. C’était un sale puits avec beaucoup d’eau mais là, nous avons rencontré beaucoup d’anciens camarades de notre père. Il était parti là-bas en 1934 lorsque le Grand Conti de Gosselies avait fermé ses portes.

Ancien quartier de Courcelles Motte
Ce qui fut dur, ce fut l’hiver 36-37 car de Viesville à Forchies, toutes les routes traversaient les champs. Mais voilà qu’en 1937, mes parents doivent quitter leur maison. Ils trouvent à se reloger à Courcelles-Motte et nous déménageons le 29 janvier 1937.
Pour nous, c’était moins dur à partir de là et nous n’étions plus seuls car beaucoup de camarades de travail venaient de Gosselies, de Sart-lez-Moines, de Courcelles Motte et de la Glacerie.
Aujourd’hui, on peut dire que ce quartier de Courcelles-Motte n’existe plus. Déjà, une partie avait été abattue pour le passage du nouveau canal Charleroi – Bruxelles.
Nous avions assez bien de camarades de Viesville qui venaient nous rendre visite et nous, nous allions souvent à Viesville grâce à notre vélo.
C’est à la Motte qu’un malheur devait nous frapper. Mon frère Joseph dut être hospitalisé durant 8 mois. J’étais donc le seul à la mine. Ce fut très dur pour mes parents mais je fus engagé dans un petit atelier à côté de chez nous. On y fabriquait des chaises et des tables métalliques pour les parcs de délassement comme Pircha. Je rentrais de la mine vers 15h30 ou 16h et vers 16h30-17h, je commençais donc à l’atelier métallique de Courcelles Motte. Je terminais à 20h parfois 21h mais cela aidait ma mère car à ce moment-là, nous étions encore 10 personnes dans la famille, dont 8 enfants.
En début de l’année 1938, mon frère sorti de l’hôpital ne pouvait plus descendre au fond de la mine. Il a trouvé du travail à Gosselies, ensuite à Jumet pour y faire des briques et au mois de juin toute la famille l’a accompagné. Et c’est ainsi que je suis resté seul à la maison et que trois ou quatre fois par semaine, mon camarade Fernand Bouillon s’arrêtait à la maison et nous nous arrangions pour une promenade le dimanche.
À suivre
Jean, le mineur