
Le principal parti d’opposition espagnol, le Parti populaire (PP, Parti populaire européen/PPE), a remporté les Européennes en Espagne dimanche (9 juin) avec 34,18 % des voix, obtenant ainsi 22 des 61 sièges alloués au pays au Parlement européen. Le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE, Socialistes et Démocrates européens/S&D) du Premier ministre Pedro Sánchez est arrivé en deuxième position avec 30,19 % des voix, soit 20 sièges, tandis que le parti d’extrême droite Vox est arrivé en troisième position avec 9,62 % des voix et six sièges.
« Félicitations à Dolors Montserrat [tête de liste du PP] et à l’ensemble de la campagne, car vous allez porter nos valeurs et nos politiques en Europe. Un triomphe bien mérité que nous avons obtenu en nous adressant à chaque électeur avec sincérité et honnêteté », a déclaré Alberto Núñez Feijóo, chef de file du PP, peu après l’annonce des résultats, bien qu’il n’ait pas obtenu la victoire retentissante qu’il espérait.
En quatrième position, le parti Ahora República (Maintenant, les Républiques), une alliance des forces indépendantistes d’extrême gauche réunissant la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), Euskal Herria Bildu (EH Bildu) et le Bloc nationaliste galicien (Galice), a obtenu 4,92 % et 3 sièges.
Le parti de gauche Sumar, partenaire du PSOE au gouvernement, a recueilli 4,65 % des voix et trois sièges, selon des sources gouvernementales.
Le parti « ultra » Se Acabó la Fiesta (SALF, signifiant « La fête est finie »), qui a obtenu 5,9 % des voix et trois sièges, fait son entrée au Parlement européen. Son leader, le jeune politologue Alvise Pérez, portera à Bruxelles et à Strasbourg son message de lutte contre ce qu’il appelle la « mafia » des politiciens.
« C’est pour vous que ce combat contre l’ensemble du système et la partitocratie corrompue vaut la peine d’être mené. Vous laisser tomber reviendrait à nous laisser tomber nous-mêmes. La fête est finie », a déclaré M. Pérez.
Il semblerait qu’il s’agit d’une victoire amère — et trop serrée — pour le PP, la stratégie du parti et de sa tête de liste, Dolors Montserrat, ayant été de présenter ces élections comme une sorte de « plébiscite » contre Pedro Sánchez et son gouvernement. Le but recherché étant de revenir au pouvoir après cinq ans dans l’opposition.
La tête de liste du PSOE, la ministre espagnole de la Transition écologique, Teresa Ribera, a déclaré que les 20 sièges remportés par son parti dimanche étaient « un résultat magnifique », compte tenu des attaques du PP et de Vox contre son parti et contre M. Sánchez.
L’ambition du PSOE est d’être « la première force politique » en Espagne, a ajouté Mme Ribera.
Le PP a été évincé après que le PSOE et la gauche ont réussi à faire passer une motion de censure contre l’ancien Premier ministre Mariano Rajoy (PP) en 2018, avec le soutien des forces séparatistes, à la suite de plusieurs affaires de corruption impliquant le parti de droite.
Le parti séparatiste Ensemble pour la Catalogne (JxCat), dirigé par l’ancien président catalan Carles Puigdemont, a obtenu 2,54 % des voix et un siège.
La Coalition pour une Europe Solidaire (CEUS), composée de divers partis régionaux, a obtenu 1,61 % des voix et est entrée au Parlement européen avec un siège.
Loin des grands débats européens, comme la sécurité, la guerre en Ukraine, l’immigration, la Politique agricole commune (PAC) ou le Green Deal, les élections européennes en Espagne ont été marquées par des questions d’ordre national, notamment la loi d’amnistie controversée proposée par M. Sánchez. Celle-ci vise à gracier des centaines de responsables politiques séparatistes catalans, et le PP et Vox la jugent anticonstitutionnelle.
La participation aux élections européennes en Espagne a été relativement faible, atteignant 49,21 % cette année contre 60,73 % en 2019.
Par : Fernando Heller | Euractiv.com | translated by Marie-Alix Pocholuk
Cet article fait partie de l’édition spéciale Élections européennes 2024 : tour d’horizon des résultats.