
En mars 1923, après l’occupation de la Ruhr et de ses sites de production industrielle par des troupes françaises et belges, sous prétexte d’imposer à l’Allemagne le respect des dispositions du Traité de Versailles et le paiement des « réparations de guerre », le Parti Communiste de Belgique appelle à des grèves.
Suite à cela, cinquante-quatre cadres et militants du PCB sont arrêtés et quinze d’entre eux traduits devant la Cour d’assises pour complot contre la sécurité de l’État. Le 26 juillet, le procès qui s’avère une veine tentative de criminalisation fomentée par les instances politico-judiciaires de la bourgeoisie contre le tout jeune Parti Communiste de Belgique, tourne à la déconfiture et s’achève par un acquittement général.
L’accusation se garda, constamment, d’apporter le moindre fait précis concernant l’existence d’un complot. Toujours, elle se borna à déclarer que les inculpés, en bloc, poursuivaient, sur la base même du programme communiste, la transformation violente de la société capitaliste, la Révolution sociale, et seuls les écrits, les paroles des inculpés furent invoqués contre eux. Jamais ne put être apporté le moindre fait matériel indiquant l’existence d’un complot !
Contre Joseph Jacquemotte, on argua du fait que son arrestation l’avait empêché de se rendre à la Conférence internationale d’Essen, alors que l’arrestation a lieu le 8 mars et que la dite conférence s’est tenue au début de janvier.
A War Van Overstraeten, on reproche, à crime, les conceptions antiparlementaires qu’il partageait avec ses camarades de l’ancien parti et sa participation à la Conférence d’Essen.
A Guillaume Vandenborre, qu’il est délégué à l’organisation des groupes.
A Paul Francken, le simple fait qu’il est trésorier du Parti Communiste et qu’il a été délégué du Parti Communiste Belge au Congrès du Parti Communiste allemand, à Leipzig.
A Félix Coenen, à Joseph Thonet, à Eloi Linkenheld, qu’ils sont des militants actifs, collaborant régulièrement au « Drapeau Rouge », délégués de leurs fédérations d’arrondissement au Comité directeur ou se livrant à la propagande communiste dans les milieux ouvriers !
Contre Henri Glineur, on relevait le fait qu’il avait rédigé des notes personnelles, de caractère antimilitariste !
Pour justifier le maintien en détention de Louis Polk, de la Jeunesse Communiste, on ne formula d’autre accusation que d’être « l’âme » du mouvement à Anvers.
A Léon Lesoil, qu’il s’est occupé de la grève des mineurs dans le bassin de Charleroi et dans le Borinage.
Contre notre camarde Nelly Rainchon, le Parquet ne formula d’autre « charge » que celle-ci c’est une « propagandiste acharnée ».
Quant à formuler une accusation précise, quant à indiquer un acte matériel établissant l’existence d’un complot, le Parquet n’en a cure !