
La maladrerie abritait une léproserie hors des murailles de la ville.
Les maladreries d’après des documents du 14e siècle étaient un amas de huttes construites sur pilotis et devant lesquels un linge suspendu à une perche avertissait les patients.* Elles étaient sous la surveillance du mayeur et des échevins. Elles furent supprimées vers la fin du 17e siècle après avoir existé durant environ 500 ans
Les lépreux furent de tout temps des objets de répulsion, motif pour lequel on les séquestrait loin des centres des villes dans les maladreries. Un individu atteint de la lèpre était mené à l’église, où vêtu d’une espèce de longue robe noire, il entendait l’office des morts puis on le reconduisait à la maladrerie.
Les lépreux ne pouvaient plus ensuite entrer dans les églises, les moulins, les boulangeries. Il leur était défendu de boire dans les fontaines et de se laver dans les ruisseaux. Ils avaient leurs sources bien à eux. Dans maints villages, le nom de « fontaine des malades » est resté pour désigner ces sources comme à Gourdinne, à Rance, à Frameries, à Gilly et en bien d’autres lieux. A Gilly cette fontaine des malades était située au bas de la rue de Chèvremont, et dans les années 60, les gens allaient toujours s’y approvisionner en eau.
Les lépreux ne pouvaient pas toucher aux enfants, ni parler à quelqu’un en étant placé sous le vent, de manier une marchandise avant de l’avoir achetée. Ils devaient en outre agiter une crécelle ou des cliquetis lorsqu’ils approchaient des lieux habités. Après avoir entendu l’office des morts, les lépreux étaient reconduits à la maladrerie où ils étaient exclus de la commune.
Les frais occasionnés dans les léproseries étaient couverts par l’aumône que les passants déposaient dans un tronc situé à proximité des établissements. Les léproseries servaient plus à parquer les malades qu’à les soigner.
Ces frappés de mort civile étaient donc souvent l’objet de l’horreur et de l’hostilité universelle. Ils étaient souvent accusés de pratiques de sorcellerie et furent parfois victime de la fureur d’une population ignorante et abrutie par les racontars d’une hiérarchie à qui cela servait comme à l’heure actuelle, la haine de l’étranger sert à détourner l’attention du peuple, des turpitudes des disfonctionnements de nos gouvernements.
La lèpre était connue des Égyptiens 1500 ans avant Jésus-Christ. Elle fut importée en Europe surtout à l’époque des croisades où elle se propagea d’une façon redoutable.
Cette maladie infectieuse et contagieuse est produite par un bacille spécifique dit de Hansen. Elle se traduit par des ulcérations et des atteintes cutanées entraînant des atrophies musculaires douloureuses. On ne peut s’imaginer qu’elles devaient être terribles les souffrances physiques et morales des lépreux.
*Roger nous donne un exemple de maladrerie. Je peux toutefois en citer un autre : voir carte.. Au Moyen-Age, les Bouillonnais habitaient au pied du château dans la boucle de la Semois. Le quartier des lépreux était situé hors des murailles de l’autre côté de la rivière.
Roger Nicolas
À suivre