Les accidents dans les minières.

De nombreux accidents survenaient dans les minières de l’Entre-Sambre et Meuse. Huile étaient dus à la négligence des mineurs, disait-on. En réalité, la sécurité devait être assurée par les patrons qui ne payaient pas l’ouvrier pour le boisage ni la mise en place des dispositifs d’aération ou d’assèchement.

Le mineur n’était payé que pour l’extraction du minerai. Selon la cruelle logique capitaliste, le salaire moyen restait toujours réduit à ce qui était nécessaire, pour l’entretien de la vie, à ce qui était indispensable pour perpétuer l’existence et reproduction des populations.

Le mineur n’était payé que par unité de minerai extrait. Cette unité s’appelait le cense qui équivalait à 3150 kg. N’étant payé le plus souvent que quand l’exploitation de la veine était terminée, il n’avait aucun moyen de contrôle et il était toujours surexploité. Sur le compte d’unités, calculé par le mineur, celui-ci devait payer une redevance appelée « dérantage » au Seigneur, chevalier de l’industrie qui possédait la mine et plus tard, sous le nouveau régime, à la commune.

Le mineur n’était payé qu’après vérification du poids à la bascule. Celle-ci accusait toujours un poids inférieur à celui estimé par l’ouvrier d’où à nouveau surexploitation. On comprend dès lors que pour améliorer le revenu de sa famille, celui-ci se souciait plus de la quantité de minerai extrait que de sa sécurité.

Par des bons de paie provenant de fonds d’archives des patrons, on apprend que le mineur amenait souvent sa femme et ses enfants à la mine afin d’améliorer encore ses maigres ressources.

La recherche du profit maximum et immédiat était la base fondamentale du système. La mise en place de moyens de sécurité ne comptait pas.. Ils étaient négligés d’où la cause d’accidents. On peut citer le cas de Jean-Baptiste Blondain de Florennes âgé de 38 ans, qui a péri dans sa fosse d’extraction, de Pierre Lambert âgé de 69 ans qui a été écrasé par un éboulement à Morialmé, de Louis Lambert de 16 ans, mort écrasé à la minière de Florennes et de Henri Hubert asphyxié. Il n’existait pas de comité de sécurité et d’hygiène.

Croix d’occis

Souvent dans une galerie, de gros blocs de rocher devaient être détachés à la dynamite. Celle-ci, en ce temps-là, était plutôt de la poudre en gros grains que l’on introduisait dans un trou foré au préalable. Elle était ensuite bourrée avec du minerai en grenaille et on y mettait le feu. Il arrivait que, que sans qu’on en connaisse réellement la cause que la mèche se consumait trop lentement. Les ouvriers venaient voir ce qui se passait mais souvent trop tard… L’explosion se produisait. Non seulement la déflagration tuait mais elle ébranlait la voûte et des tonnes de rocher ensevelissaient les ouvriers. Des accidents de ce genre se produisaient par dizaines chaque année dans les minières. Ceux qui n’étaient pas tués restaient souvent estropiés pour le reste de leur vie. Les archives signalent le cas d’ouvriers expérimentés qui prévenaient l’ingénieur de danger imminent quand, par exemple, la voûte se. lézardait. L’ingénieur se moquait et deux ou trois jours plus tard, ces ouvriers se retrouvaient sous un tas de décombres. Il n’était pas rare, que sur plusieurs dizaines de mètres, une galerie n’était pas boisée. Les accidents se renouvelaient tous les ans régulièrement et ils continuaient de se reproduire avec la même régularité puisqu’on ne faisait rien pour les prévenir et que les causes des catastrophes subsistaient. Ce qui surprend le visiteur, c’est que les accidents n’étaient pas plus fréquents car la prudence des mineurs en prévenait beaucoup.

Les éboulements n’étaient pas les seuls ennemis du mineur. Les grandes chaleurs ou le gel suivant le type de minière, la mauvaise aération, l’humidité, la poussière et le surmenage provoquaient des courbatures, de grandes fatigues et des rhumatismes articulaires. La tuberculose, les bronchites et les pneumonies faisaient des ravages énormes sur les corps affaiblis sur tous surtout chez les femmes et les enfants, en général. Un mineur devenait un vieillard avant l’âge de 50 ans

Aux 18e et 19e siècle, les galeries s’approfondissaient. Les accidents augmentaient donc comme en témoignent les nombreuses croix d’occis. Celles-ci constituaient une sorte de registre comptabilisant le nombre de tués. Avec l’usure du temps, beaucoup ont disparu tout comme la coutume de les ériger. Il n’en subsiste plus que quelques-unes dans ces régions de l’Entre Sambre et Meuse.

Les circonstances de ces morts avaient le don d’émouvoir l’esprit chrétien des populations. Aussi il était de tradition de dresser de semblables croix sur le lieu où à proximité de l’accident particulièrement parce que les malheureuses victimes étaient décédées sans avoir reçu le secours de la religion.. Il fallait donc bien leur donner cette compensation. Un texte gravé sur la croix rappelait les circonstances de la mort

Quand l’accident n’était pas mortel, il alimentait donc tout le lot des handicapés que l’on croisait sur le chemin. Un bras, une jambe, une main en moins n’étaient pas chose rare.

Roger Nicolas

À suivre

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