Allemagne : Sahra Wagenknecht quitte La Gauche et fonde son propre parti pour les élections européennes

Sahra Wagenknecht était auparavant membre du parti de gauche Die Linke, mais elle s’est opposée à plusieurs reprises à ses dirigeants au sujet de la ligne politique du parti, qui, selon elle, était trop axé sur la question des minorités plutôt que sur la justice économique. [EPA-EFE/Filip Singer]

L’ancienne leader charismatique du parti de gauche radicale Die Linke a officiellement lancé l’Alliance Sahra Wagenknecht (BSW), un parti populiste, en prévision des élections européennes de juin prochain. Le programme du parti prévoit notamment l’opposition à la poursuite de l’intégration de l’UE et au maintien des sanctions de l’UE contre la Russie, qui ont fait grimper les prix de l’énergie.

Sahra Wagenknecht était auparavant membre du parti de gauche Die Linke, mais elle s’est opposée à plusieurs reprises à ses dirigeants au sujet de la ligne politique du parti, qui, selon elle, était trop axé sur la question des minorités plutôt que sur la justice économique.

Mme Wagenknecht a officiellement annoncé lundi qu’elle quittait le parti, accompagnée de plusieurs alliés, et a présenté sa nouvelle « Alliance Sahra Wagenknecht (BSW) », avec laquelle elle cherche à attirer les électeurs déçus par la gauche et la droite traditionnelles.

Moins d’intégration européenne

Interrogée par Euractiv, Mme Wagenknecht a indiqué que la BSW ferait campagne contre la centralisation du pouvoir à Bruxelles lors des élections européennes de 2024.

« Nous ne pensons pas que toujours plus de compétences devraient être transférées à la Commission européenne — celle-ci est proche des lobbyistes des entreprises et loin des citoyens », a-t-elle déclaré aux journalistes présents à Berlin, ajoutant qu’elle souhaitait que « plus de décisions soient prises par les États membres ».

L’Europe est dans un état « relativement triste », a déploré Mme Wagenknecht, craignant qu’elle ne soit « pulvérisée entre les États-Unis et la Chine » si elle ne s’oriente pas vers une politique étrangère de non alignement.

Mme Wagenknecht est donc fermement opposée aux sanctions contre la Russie et prône un cessez-le-feu immédiat en Ukraine, et a promis lundi qu’elle veillerait à ce que l’Allemagne dispose à nouveau d’énergie moins chère.

« Je me demande pourquoi d’autres pays n’ont aucun problème à importer du pétrole et du gaz russes […], il me semble plus naturel d’utiliser les oléoducs [russes], parce que ce serait beaucoup moins cher », a-t-elle expliqué.

Une victoire est possible

La BSW a pris un bon départ, puisqu’environ 12 % des Allemands interrogés ont déclaré qu’ils voteraient pour ce nouveau parti, selon un sondage de l’Insa publié lundi.

Mme Wagenknecht, qui est bien connue du public grâce à sa présence dans les débats télévisés ainsi que sur les réseaux sociaux, pourrait attirer le soutien non seulement de la gauche, mais aussi des partisans de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), un parti d’extrême droite, estiment les politologues.

Son mélange de politiques économiques socialement conservatrices et socialistes est populaire parmi les électeurs antisystèmes et de droite, a expliqué le politologue Constantin Wurthmann à Euractiv lors d’un entretien.

Mme Wagenknecht a promis lundi qu’elle ferait pression pour plus de redistribution et qu’elle protégerait les PME contre les grandes entreprises, tout en se montrant ferme sur l’immigration irrégulière et les politiques environnementales « aveugles », un domaine dans lequel le gouvernement actuel — le « pire gouvernement de l’histoire » de l’Allemagne selon elle — a échoué.

Par : Nick Alipour | EURACTIV Allemagne | translated by Claire Lemaire

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