8 mars, à l’occasion de la journée de la femme, il est bon de rappeler ces femmes qui luttèrent contre le fascisme aux côtés des hommes.

Ce n’est pas pour rien que Marianne est le symbole des communards de Paris. Ne fût-ce que parce que pendant toute l’histoire du combat de la classe ouvrière, pendant les siècles de lutte des peuples, pour leur libération d’innombrables Marianne se sont trouvées sur les barricades au côté de leur mari frère, père et que bien souvent c’est à leurs côtés qu’elles ont vaincu ou péri.
D’ailleurs dans l’histoire récente, la passe la « Passionaria », Dolorès Ibarruri n’a-t-elle pas été autant que Georges Dimitrov le symbole de la Résistance à la montée du fascisme des années trente?
Lorsqu’en mai 1940, les troupes nazis ont envahi notre pays personne ne pouvait soupçonner le rôle immense que jouerai la Résistance dans le déroulement de la guerre et encore beaucoup moins le rôle décisif que rempliraient des milliers de femmes et de jeunes filles dans Résistance.
Car on peut le dire franchement : sans l’aide efficace, de toutes ces admirables camarades, il n’y aurait eu ni Armée des Partisans, ni presse clandestine, ni Front de l’Indépendance, ni services de renseignements, ni route de la liberté. Bref: il n’y aurait pas eu de Résistance.
Pour les commandants des armées hitlériennes, élevés selon la tradition qui dit que « les jeux de la guerre », sont réservés « aux hommes », la surprise a dû être totale. En effet, dans les pays qu’ils occupaient, et opprimaient, ils se sont trouvés face à autant de représentantes du « sexe faible » que d’hommes, ces femmes n’étant d’ailleurs pas les moins acharnées dans le combat contre l’occupant.
Pour eux la place du « sexe faible » était en effet encore toujours à la cuisine auprès des enfants.
Dans ces quelques lignes, il est tout bonnement impossible de mettre en évidence les immenses mérites de nos combattantes. Elles venaient de toutes les couches sociales de la population. Elles étaient de toutes les convictions politiques ou philosophiques mais elle poursuivait toutes un seul et même objectif : « l’occupant dehors ».
Ou faut-il parler de ces dizaines de mères de famille qui, malgré la Gestapo et les traîtres noirs ont pris en charge un jeune Partisan qu’elle ne connaissait pas, qu’elles voyaient pour la première fois. Elles l’ont soigné, comme si c’était leur fils chéri même si elles avaient un fils fusillé, un mari en camp de concentration fasciste.

Comment oublier, les courrières, jeunes et moins jeunes, qui assureraient les liaisons par vents et tempêtes, qui étaient mal nourries, mal logées, loin de leurs parents, mari ou fiancé, mais qui maintenaient les contacts, qui passaient la correspondance, les rapports les armes et munitions à travers les mailles du filet tendu par la Wehrmacht. et par les patrouilles de la Gestapo. Lorsqu’elles étaient arrêtées malgré les tortures et les humiliations les plus atroces, elles n’avaient qu’un seul but: essayer de sauver l’homme ou le garçon inconnu qui leur qui est leur commandant ou leur responsable et, à travers lui, tenter de sauvegarder toute l’organisation.
Combien de fois, n’avons-nous pu échapper, sauver notre vie et sauver notre Mouvement que parce que les camarades arrêtées avaient réussi à tromper la Gestapo.
Les quelques heures qui nous étaient ainsi offertes nous permettait le plus souvent de prendre toutes les mesures de sécurité nécessaire, à la fureur des services de la police nazie d’ailleurs, qui devaient finalement comprendre qu’ils avaient été roulés et qui se vengeaient de l’humiliation subie sur leurs victimes.
Il va de soi que certaines tâches étaient pour ainsi dire réservées aux femmes de la Résistance. Elles ne s’occupaient pas seulement d’héberger et de soigner des dizaines de milliers d’illégaux. Elles ne se chargeaient pas seulement du courrier. N’y avait-il pas la presse clandestine qui avait besoin de rédactrices et de dactylos capables ?N’y avait-il pas au Front de l’Indépendance « Solidarité » et chez les Partisans « l’intendance », ou tous les échelons étaient occupés par des femmes qui veillaient à l’approvisionnement parfait des réfractaires et des illégaux des bataillons et des compagnies de Partisans. N’y avait-il pas le service de renseignements des Partisans qui, sont les femmes, n’auraient jamais réussi à remplir sa mission ?

S’il est vrai que pour des raisons pratiques et aussi physiques, les jeunes filles et les femmes participaient dans une moindre mesure, aux sabotages et à la lutte armée active dans chaque Corps de l’Armée des Partisans on pourra vous citer des exceptions à cette règle.
Dans le commandement national de l’Armée des Partisans, les femmes ont d’ailleurs toujours été bien représentées non seulement au « Service de Renseignements » ou à « l’Intendance », où les femmes avaient presque toujours la responsabilité mais aussi à deux reprises comme Chef d’Etat-Major du Commandement national !
Je dois avouer que le subordonné qui se trouve pour la première fois en pleine guerre sous le commandement d’une femme a besoin d’un instant pour s’habituer à cette situation !
On peut dire sans exagérer qu’après la Libération, des dizaines de milliers de femmes avec toutes le droit de se faire reconnaître Résistante, en vertu des statuts même de la Résistance.
Mais bien des vaillantes mères de famille, travailleuses et autres qui, au risque de leur vie, nous avaient assistés et soutenus, pendant les années dures de la guerre, ont estimé, que finalement, ce n’était pas elles. les Partisans. Pourtant, nous savons que sans elles, sans leur aide désintéressée, il n’y aurait pas eu d’Armée des Partisans.
Comment mieux témoigner de notre gratitude à l’égard de toutes ces figures magnifiques qu’en conservant le souvenir de leur combat et de leur sacrifice pour la postérité.
Comment mieux rendre hommage à nos femmes et nos jeunes filles qui ont payé leur amour pour le pays et le peuple par une mort atroce dans les chambres, de torture de la Gestapo, par la faim, le typhus ou le « Cyclon B » dans les camps de concentration de Himmler ou par des exécutions moyenâgeuses telles que la décapitation à la hache ou la pendaison. Comment mieux leur rendre hommage que par l’édition de ce livre qui constitue en même temps une mise en garde, pour les générations à venir, pour qu’elles ne connaissent plus jamais de fascisme ni de guerre..
Notre combat contre le fascisme n’était pas seulement une lutte pour notre libération, c’était aussi un combat pour un monde meilleur, pour un monde de paix.
Veillons à rester dignes du sacrifice de celles et ceux qui ont laissé la vie dans cette lutte impitoyable et dont les cendres sont le plus souvent éparpillées par le vent dans des pays lointains.
C’est dans cette optique que le Front de l’Indépendance continue à œuvrer contre toute renaissance du fascisme, et pour le désarmement et la détente, pour un monde de PAIX !!
Louis Van Brussel
Lieutenant-Colonel de la Résistance
Ancien Commandant national des Opérations de l’Armée Belge des Partisans
Extrait du livre : « Femmes dans la Résistance »