En 1926, ce nouveau syndicat créé par Julien Lahaut qui en assure le secrétariat ranime le souvenir des Chevaliers du Travail. On dénombre 6.000 membres mineurs et métallurgistes dont un tiers dans la région liégeoise. La fédération syndicale est affiliée à l’Internatîonale des syndicats rouges.

Maison du Peuple « La Vigilance »
En juin 1926, la situation économique est meilleure dans le bassin de Charleroi et cela tend à favoriser un certain regroupement syndical. C’est ainsi que la Centrale des mineurs réussit à rallier dans ses rangs la section de Montignies-sur-Sambre des Chevaliers du Travail et une partie de la section de Dampremy. Toutefois, les communistes de la Fédération des Chevaliers du Travail restent solidement implantés à Dampremy autour de la Maison du Peuple, leur lieu de ralliement.
Le scrutin communal du 10 octobre voit les socialistes reculer dans de nombreuses communes ouvrières de l’arrondissement de Charleroi et les communistes connaissent quelques progrès en gagnant 5 élus.
En 1928, le mouvement ouvrier socialiste connaît un certain renouveau dans le bassin de Charleroi : Léon Watillon devient secrétaire de l’intersyndicale et Arthur Gailly secrétaire de la Fédération des Mutualités socialistes. Les Jeunes Garde Socialistes retrouvent un renouveau plus dynamique.
En U.R.S.S., Léon Trotski est exilé et cette mesure n’est pas sans répercussions sur le P.C.B.
De son côté, la Fédération des Chevaliers du Travail s’est réunie à Seraing le 15 janvier 1928 et elle y proclame son intention : « de lutter pour le rétablissement de l’unité syndicale par la réintégration des Chevaliers du Travail à la Centrale des mineurs. L’idéal des Chevaliers du Travail étant la recherche de l’union des travailleurs, il ne peut être question pour elle de mener une action tendant à désagréger les organisations existantes. »
Elle déclare limiter son action et son champ de recrutement à la masse inorganisée et désorganisée des travailleurs de l’industrie. La Fédération des Chevaliers du Travail tente ainsi de rapprocher les diverses fractions du mouvement ouvrier dans ce qui apparaît comme un exercice difficile et quelque peu à contre-courant.

D’autre part, elle s’est fortement affaiblie et ne comporte plus dans le bassin de Charleroi que deux groupes dissidents de la Centrale des mineurs qui sont regroupés à Dampremy, Marchienne-Docherie, Lodelinsart et dans une moindre mesure à Gîlly, où la Fédération des Chevaliers du Travail a établi son siège à la Maison du Peuple « Les Vainqueurs ».
Léon Lesoil
En 1929, les effectifs des Chevaliers du Travail continuent à s’amenuiser. L’année est marquée par les divisions entre communistes. Léon Lesoil crée le mouvement trotskiste à Charleroi entraînant avec lui une bonne moitié des militants de la Fédération du P.C.B.,
De son côté, Henri Glineur va reconstituer la Fédération de Charleroi du PCB avec une poignée de camarades. Il reste fidèle à ses idées et est bien décidé à convaincre la classe ouvrière de leur justesse.
Lesoil tente, d’autre part, de détacher la Fédération des Chevaliers du Travail de Charleroi du comité national de l’organisation animé par Julien Lahaut. Cela amène la Fédération nationale à repréciser les tâches immédiates:
1. agir sur le terrain de la lutte révolutionnaire des mineurs du pays car 100. 000 travailleurs ne sont pas organisés. La tâche est donc de les conquérir;
2. rompre avec Lesoil qui prétend que la création de nouvelles sections des Chevaliers du Travail provoquera de nouveaux déchirements syndicaux. Il veut sans doute nous séparer de l’Internationale syndicale rouge. « ‘
Le Parti communiste tient dans ce contexte un Congrès particulièrement important. Il est intéressant de reproduire l’analyse qu’il fait de la situation syndicale et des tâches d’organisation qui en découlent. On note, dans le paragraphe 47 du projet de thèses, les considérations suivantes :
« La répression contre les communistes dans les syndicats, le grand nombre de camarades exclus, exigent l’organisation méthodique de ces ouvriers inorganisés dans des caisses de chômage et de solidarité. »
De même, le parti doit beaucoup mieux s’organiser dans les syndicats des Chevaliers du Travail. Nos organisations et organes de travail ont pour tâches pressantes de donner de la vigueur à ces syndicats et d’exiger par leur travail propre que soient appliquées les décisions des congrès internationaux. »
Les tâches d’organisation précisent d’autre part dans le paragraphe f) du chapitre IX « Sections syndicales » : « Le travail dans les syndicats rouges (Chevaliers du Travail) et autonomes (syndicats du peigné de Verviers par exemple) doit être renforcé.
Il faut considérer les fractions et leur donner des directives concrètes sur les tâches à effectuer. Ces syndicats, qui sont sous notre contrôle effectif, peuvent et doivent être des réservoirs importants pour notre parti, pourvu que notre travail soit bien fait.
Dr Jacques Lemaître
A suivre