
Nous continuons à publier les réflexions de notre vieux camarade Roger Nicolas. (https://nouvellesasblleprogres.com/2023/09/21/lemigration-belge-vers-la-france/?fbclid=IwAR1Epiw8Nn2FaRZnl4CFH0bqHlT7SUpqWsv78HM9fH8ZOd1ovNOVLaO1YfMà
Et depuis César, nous savons par ses commentaires sur la guerre des Gaules « que de tous les peuples de la Gaule, les Belges étaient les plus braves ». Encore aujourd’hui, nous citons, avec fierté, cette opinion du conquérant romain à qui nous avons donné bien du fil à retordre.
Oui, mais ces braves Belges ne vont pas rester bien longtemps d’un sang pur, d’ailleurs déjà bien troublé par les liaisons avec les autres peuples de l’Europe centrale, les premiers occupants néolithiques de notre sol et les Gaulois qu’ils ont refoulés.
Les Romains et toutes les légions étrangères qu’ils vont envoyer à la garde du Rhin, leurs auxiliaires germaniques, vont donner un coup de neuf à notre race mais cela ne fait que commencer : Germains, Francs, Normands, Hongrois vont traverser nos contrées durant le premier millénaire de notre ère et parfois s’y établir. Après quelques siècles, on reste entre soi pour pouvoir tout à loisir s’y étriper.
Voilà que le hasard de la formation des États modernes nous rend bourguignons, français, espagnols, autrichiens, hollandais pendant des périodes plus ou moins longues. Et tous ces étrangers amènent avec eux des mercenaires italiens, suisses, allemands, croates. Bref, l’Europe se donne rendez-vous chez nous et tous ces passages donnent de charmants bambins à la teinte de la peau ou des cheveux allant du plus pâle au plus foncé. En effet, les Espagnols ont du sang berbère ou juif dans leurs veines et des villes comme Bruges, Gand ou Anvers comptent encore bien de leurs descendants aux yeux noirs et à la peau ambrée.
Aux 17e et 18e siècles, on appelait encore les Gantois des « Signorke ». Dès notre indépendance, on peut enfin se croire entre Belges. Nous avons retrouvé un nom de famille que nous n’avions plus porté depuis dix-neuf siècles.
Hélas, de nouvelles invasions se préparent. Jaloux de notre prospérité, des pays moins chanceux nous envient et nous envoient leurs sans-travail et miséreux puis leurs opposants politiques français, italiens, allemands, russes, hongrois, tchèques, polonais. Les soldats espagnols républicains, et leurs bébés expulsés par Franco vont précéder dans le chemin de l’aide humanitaire les enfants de l’Afrique, de l’Amérique latine, du Vietnam.
Les réfugiés économiques ou politiques frappent à notre porte qui s’ouvre de plus en plus difficilement. « Diantre ! On ne peut pas recevoir sur notre sol toutes les misères du monde » éructent les Vlaams Block et le Front national. « On ne peut partager le peu qui nous reste avec des millions d’affamés. Cela devient impossible » proclament les bonzes du grand capital. Comme ces gens sont peu enclin à partager leur gâteau ils recourent à la bonne vieille excuse : « Nous avons créé notre richesse, ils n’ont qu’à créer la leur . Nos ancêtres n’ont pas été mendier le pain à l’étranger, n’est-ce pas ? »
La chute de l’Empire napoléonien a conduit à la création d’un Etat tampon empêchant le vieux rêve français des frontières naturelles d’aller jusqu’au Rhin au nord. Les signataires du traité de Vienne consacrent définitivement la séparation des Belges celtiques en deux peuples séparés. Français et Belges vont acquérir au cours de près de deux siècles des habitudes des régimes et des jugements différents même si le sentiment diffus d’une même origine marque les populations de langue française de part et d’autre de l’artificielle frontière qui les sépare.
A suivre
Roger Nicolas