Le travail dans les mines de fer était dangereux. Il n’existait pas de comité de sécurité ni d’hygiène. Comme la raison d’être du système d’exploitation de la mine était la recherche du profit avant tout, on ne s’embarrassait pas de règles de sécurité. Dans les mines à puits vertical ou à galerie oblique, le boisage ne se faisait que rarement d’où les nombreux éboulements. Il y avait beaucoup de victimes dans les régions des mines au 18e et 19e siècle. Ceci est attesté par les nombreuses croix d’occis.

Croix d’occis à Gerpinnes
Elles constituaient en somme une sorte de registre comptabilisant le nombre de tués par accident minier qui était très élevé. Il n’en subsiste plus que quelques-unes dans nos régions d’Entre Sambre-et-Meuse.
Les circonstances de ces morts avaient le don d’émouvoir l’esprit chrétien des populations. Aussi était-il de tradition de dresser des croix sur le lieu de l’accident, particulièrement parce que les malheureuses victimes étaient décédées sans avoir reçu les secours de la religion. Il fallait donc bien leur donner cette compensation. Un texte gravé sur la croix rappelait les circonstances de la mort.
Quand l’accident n’était pas mortel, il augmentait le nombre des personnes handicapées que l’on croisait sur le chemin. Un bras, un pied, une main en moins ou des balafres n’étaient pas choses rares. Au cours des siècles passés, être mineur de fer n’était pas un sort enviable.
Pourquoi les ouvriers ne se révoltaient-ils que de façon sporadique? Tout d’abord, comme nous l’avons vu, les exploitations étaient très souvent, distantes des unes des autres. Un ouvrier était presque toujours seul dans sa galerie et ne pouvait donc pas exprimer sa rancœur vis-à-vis des explorateurs comme il le voulait. Comme de plus, il n’existait aucune avant-garde syndicale, pour stimuler sa lutte, il finissait par se résigner, pourtant, des tentatives de lutte pour améliorer ces conditions furent entreprises.
C’est, une amie historienne, membre du CHAM qui nous en parla un jour. Elle avait fait des recherches dans des archives qui concernaient notre pays dans une localité des environs de Prague. Ces archives proviennent d’un fonds important apporté la par le Duc de Beaufort, seigneur de Florennes qui était parti s’installer à la cour des rois de Bohême.
Parmi des tas de documents, il s’en trouve qui a toute son importantes pour notre histoire. En 1382, les mineurs de fer des importante exploitations de Morialmé s’unirent en syndicat et déclenchèrent la première grande grève organisée connue en Belgique et peut-être dans le monde. Quel en furent les implications et les résultats? Nous ne connaissons pas la teneur entière du document.
Peut-être un jour, notre amie pourra-t-elle nous en livrer le contenu avec plus de précisions. Pour que cette grève soit consignée dans les chroniques de ce temps, fallait-il qu’elle eût un grand retentissement dans la région! Y eut-il d’autres mouvements de ce genre? Des recherches ultérieures nous l’apprendrons sans doute. De toute manière, les révoltes de travailleurs qui se produisait par-ci, par-là n’étaient que des explosions de colère vite réprimées. Cet épisode historique de Morialmé mis à part, les ouvriers n’avaient aucune organisation politique valable pour orienter leur lutte de façon efficace.
Au Pays noir, les émeutes de 1886 avec les fusillades de Roux furent le point final de cette époque de la préhistoire du mouvement ouvrier.

Les gîtes ferrugineux se raréfiant, les mines cessèrent d’être exploitées. Il ne reste plus en souvenir de ce temps que les « crasses de Sarrasins » que l’on rencontre un peu partout. Elles sont le résultat d’une fusion incomplète des minerais de fer.
Ce fut alors le tour des mineurs de charbon à prendre la relève dans ces luttes incessantes qui, avec l’appui des verriers débouchèrent sur les événements de 1886. C’est à ce moment que des éléments avancés de la classe ouvrière comprirent la nécessité de mener une lutte mieux disciplinée et structurée. Alors naquit le POB et des corporations ouvrières se formèrent un peu partout malgré des tendances divergentes.
Dans un long article en mars 1911, le journal allemand « Die Neue Zeit » relate l’histoire du début de l’organisation des partis et syndicats du mouvement ouvrier en Belgique. On peut y lire entre-autres que Henri Fuss, neveu par alliance de Paul Janson, fut un anarchiste acquis au syndicalisme révolutionnaire. En 1904, il fonda l’Union des Mineurs révolutionnaires » du bassin de Charleroi. Le siège était à Gilly où l’on publiait le journal « L’Insurgé ».
Tout ceci est une longue histoire qui débute avec le 20e siècle et dans laquelle les mineurs ont joué un rôle capital pour la constitution des partis. De nombreuses publications traitant de ce sujet ont été éditées à ce jour.
Quant à nous, nous ne pouvons que nous borner à relater dans des anecdotes, le retentissement que cela eut dans nos localités.
Roger Nicolas
Très intéressant!
J’ignorais cette histoire des mines de fer.
Avez-vous plus d’informations sur le journal L’insurgé?
J’aimeJ’aime
Malheureusement non.
J’aimeJ’aime
Au premier abord: non
J’aimeJ’aime