L’autodétermination des peuples : notre indéfectible boussole idéologique

Depuis quelques temps, nous assistons au délitement de l’influence Françafricaine et d’une recomposition géostratégique de l’Afrique. Cette résurgence des coups d’État en Afrique de l’Ouest, parfois dans le soutien ou l’indifférence des populations locales si ce n’est avec leur bénédiction en espérant un meilleur sort face à leur détresse existentielle, doit appeler à une introspection dans le rapport du continent avec la démocratie.

Car dans la perspective de lutte contre le djihadisme notamment, ces populations regardent désormais plus du côté de la Russie wagnérienne comme pays protecteur ou de la Chine comme pays investisseur donnant une perspective d’émancipation, certes biaisée voire factice, à ces populations abandonnées depuis trop longtemps dans l’indifférence internationale. Les putschistes au Niger ont d’ailleurs bien pris soin de justifier leur coup de force par l’urgence de la situation sécuritaire. Même si tout porte à croire que les motifs du passage à l’action restent avant tout politiques.

Dans ce contexte, notre indéfectible boussole idéologique reste l’émergence et l’auto-détermination des peuples. Principe inscrit dans la Charte des Nations unies, selon lequel tout peuple a le droit de déterminer son propre gouvernement, indépendamment de toute contrainte étrangère. Par extension, ici, on désigne également les luttes et les mouvements de revendications qui se sont appuyés sur ce principe, particulièrement depuis la période de la décolonisation.

Cependant, les principes néo – colonialistes sont pourtant toujours bien à l’œuvre, du Quai D’Orsay au département américain chargé des Affaires étrangères ; qui n’ont jamais hésité à employer la force pour préserver leurs intérêts géostratégiques sur le continent africain.

Les enjeux géopolitiques du monde se redéfinissent autour de nouveaux axes géostratégiques. Les BRICS se redéploient – çà et là – accompagnant le dépassement néocolonial et d’autodétermination politique. Le continent africain devient le laboratoire prioritaire d’une recomposition potentiellement panafricaniste dans cette perspective mais l’objectif ne doit pas être l’aval sans réserve aux putschistes kaki et certainement pas aux dictatures effroyables comme celle de l’Erythrée ou du Soudan mais bien l’émancipation réelle des populations qui doit en être le substrat.

L’Occident devrait comprendre que la planète ne tourne plus autour de son axe idéologique et des valeurs qui en découlent par une condescendance de celles-ci sur les autres cultures présentent au sein des pays du Sud. Car, même s’il est difficile de l’écrire, la conception libérale des mœurs en Occident s’oppose frontalement au conservatisme patriarcal existant dans nombre de pays des continents africain, sud-américain et asiatique où les préceptes religieux islamiques, pentecôtistes, bouddhistes et hindouistes sont clairement aux antipodes de ce qui est toléré par certains pays occidentaux. Cette croyance de l’Occident comme phare idéologique à suivre pour l’émancipation démocratique s’amoindrit considérablement face aux enjeux d’émancipation des populations africaines ayant vécu l’esclavagisme puis l’oppression, la ségrégation, l’exploitation et le pillage de leurs richesses naturelles durant des siècles.

L’exemple récent du putsch au Niger, pays important en tant que fournisseurs principal de la France en uranium, démontre que l’exploitation des richesses naturelles par les grands groupes capitalistes comme Orano (ex-Areva) ou le mégaprojet pétrolier de Total Energies en Ouganda (qui sera un désastre pour les moyens de subsistance de milliers de personnes en contribuant à la crise climatique mondiale) ne passe plus du tout au sein des populations locales.

Entre le désespoir d’une jeunesse prête à mourir dans les périples tragiques de l’exil et l’affranchissement des peuples essayant de trouver un nouvel espoir de protection sécuritaire voire de vie plus digne dans ces coups d’État, notre lecture politique internationaliste nous amène, de manière irrévocable, au soutien inconditionnel de ces peuples à s’autodéterminer.

Mouvement Communiste Wallonie-Bruxelles


 [RT1]

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