Un héros de Tcherkassy

Edmond Riflard  vivait à Liège. Pendant la guerre, il se laissa séduire par les beaux discours du chef de Rex, Léon Degrelle. Reprenant à son compte les vociférations de son maître Adolph Hitler, et comme lui, brandissant le sceptre du Bolchevisme au couteau entre les dents. Degrelle voulait faire croire que l’Allemagne était le dernier rempart contre l’invasion rouge. Il était impératif que des hommes courageux de chez nous épaulent nos frères allemands et s’enrôlent, en masse; dans la Légion SS Wallonie suivant, en cela, son exemple.

Affiche: la légion wallonne
Déjà sensibilisé par la propagande de Goebbels, Riflard avala tout cru l’amorce et l’hameçon. Tous ces beaux discours l’avaient convaincu. Edmond cru être désormais de son devoir  d’aller grossir les rangs des divisions wallonnes en partance vers l’Est. Il fallait combattre ces barbares rouges qui voulaient anéantir les valeurs sûres de la vieille civilisation chrétienne, bases de cet Occident, qui allait connaître, grâce à Hitler, une nouvelle période de gloire qui devait durer 1000 ans. Il s’engagea donc dans une des officines que la Légion avait ouverte à Liège comme dans les autres grandes cités wallonnes. Il reçut une solide instruction à l’allemande qui devait faire de lui un soldat bien discipliné n’ayant plus d’autre pensée que celle de vaincre ou de mourir sous les plis de la bannière aux armes de Bourgogne.

Ils furent rompus au maniement des diverses armes utilisées dans la Wehrmacht. Bien écolé , il saurait garder la tête froide en toute occasion. Il était fermement convaincu maintenant, que pour le bien de l’humanité en général et de la Wallonie en particulier pour que celle-ci après la victoire allemande puisse faire considérer les Wallons comme dignes d’entrer dans les rangs de l’Europe nouvelle. Il fallait exterminer la racaille rouge.

C’est dans cet état d’esprit, convaincu de participer à une nouvelle croisade qu’il partit pour le front de l’Est. Les Allemands étaient partout victorieux et la guerre finirait donc bien vite. Déjà, les lignes soviétiques étaient enfoncées sur plusieurs fronts. Les nazis approchaient d’ailleurs des rives de la Mer Noire. Ils étaient invincibles et rien ne pouvait arrêter leur avance. 

La guerre s’annonçait donc fraîche et joyeuse. Après une dernière parade, dans les principales villes wallonnes, c’est la joie au cœur que les SS Wallons embarquèrent dans des trains spéciaux organisés à leur intention. C’est ainsi que les rues de Marcinelle, les virent défiler une dernière fois lors de leur embarquement à Charleroi-Sud.

Certains anciens Marcinellois se souviennent encore de ce pitoyable défilé auquel ils devaient bien malgré eux, assister parce que le hasard de leur travail ou de leurs déplacements les avaient amenés là à ce moment précis.

Leon Degrelle, chef du parti existe belge

Des trains bondés à cette époque, on avait fait descendre les voyageurs pour grossir la « foule » des supporters, des sbires de Degrelle. Revêtus de leurs uniformes noirs, ceux-ci tentaient d’imiter la prestance des soldats allemands en défilant aux accents de « Auprès de ma blonde », chant pourtant peu adapté au pas de l’oie mais réminiscences des chansons qui avaient accompagné les alliés victorieux en 1918. Ils défilaient inconscients du ridicule qui se dégageait de leur misérable cohorte. Assistants obligés, de cette mascarade beaucoup de gens se sentaient honteux d’être Belges.

Les Allemands eux-mêmes se moquaient d’eux et les méprisaient ouvertement. Comme il est vrai que le ridicule ne tue pas, ils arrivèrent un beau matin, frais et dispos, dans les vastes plaines de Russie.

À peine descendus, ils furent confrontés au vrai visage de la guerre: ruines et désolation. Bien des yeux de ces héros s’écarquillèrent à la vue des atrocités commises sur les civils russes. Des hommes pendus aux branches des arbres, des gosses massacrés à la baïonnette, des femmes violées et ensuite exécutées…

Certains engagés avaient des haut-le-cœur et se demandaient si c’est cela qu’on allait leur demander de faire. Mais revenir en arrière était impossible. Il fallait marcher.

Mais tous ne se posaient pas ce genre de questions. Leur haine du communisme, bien implantée par les années de propagande qui leur avait bourré le crâne en poussait par contre d’autres à se sentir en joie. De beaux jours leur était promis.

Roger Nicolas

A suivre

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