Un témoignage inédit (suite 2)

Il n’y avait plus aucun doute possible : ces hommes étaient des rexistes, des vrais, membres de la formation B de Charleroi, placés sous les ordres de Merlot, le sinistre …  La formation B s’appelait aussi Police 29 ou Police 50 suivant que les participants avaient leur quartier général au 29 de la rue du Parc ou au 50 de la chaussée de Waterloo à Charleroi.

Le sinistre Merlot

Peu de temps, après notre arrivée sur les lieux, nous fûmes rejoints par deux gendarmes de la brigade de Marchienne-au-Pont. Ils croyaient que les crimes avaient été perpétrés sur le territoire de Monceau sur Sambre donc chez eux.  Bientôt, deux autres gendarmes de la brigade de Trazegnies, se joignaient à nous, persuadés que ce massacre venait d’entacher leur territoire.

Le lieu de la tragédie se situe aux confins de 3 communes: (Monceau-sur-Sambre (brigade de Marchienne-au-Pont), Courcelles (brigade de Roux) et Trazegnies (brigade du même nom).

Six gendarmes se trouvent face à face avec trois tueurs rexistes, mission combien délicate et sérieuse que celle à laquelle j’allais être mêlé. Le drame s’étant déroulé sur notre territoire, les gendarmes des brigades voisines se préparaient à regagner leur résidence lorsque nous vîmes arriver venant de Trazegnies en direction de Marchienne-au-Pont, un camion automobile… Lorsqu’il fut à notre hauteur, l’homme à la mitraillette (Defresnes) stoppa le camion. Le véhicule s’est arrêté à quelques quarante mètres de nous. Trois hommes descendirent de la cabine, le chauffeur d’abord un certain Frère Arthur et ensuite deux passagers, les nommés Vandenberghe et Ligny. Le premier des deux passagers était un directeur commercial tandis que l’autre était ingénieur au charbonnage de Monceau-Fontaine. Defresnes fit mettre le chauffeur de l’autre côté de la route, le long du talus en déblais. Il demanda alors l’identité aux deux autres : « Qui êtes-vous…? »  les deux otages déclinèrent leur nom et qualité sous la menace de l’arme automatique.

« Deux directeurs, voilà ce qu’il nous faut pour venger notre maïeur ! » Ce sont les uniques paroles que nous entendîmes avant de voir Vandenberghe amené de force vers notre groupe figé sur place. Le malheureux ne cessait de clamer son innocence affirmant qu’il n’était pour rien dans l’attentat perpétré contre le bourgmestre. Monsieur Ligny était resté à l’arrière du camion où Thomas le tenait en respect.

Alors que Monsieur Vandenberghe passait devant nous accompagné de son terrible gardien, il fit une manœuvre à droite pour se dégager. Cela lui réussit et il s’enfuit vers Trazegnies. Mais… Defresnes avait armé sa mitraillette et tandis que le MDL Ludovicy s’écriait: « Vous n’allez pas le tuer? », une rafale déchira l’air et le malheureux Vandenberghe atteint dans le dos, leva les bras au ciel comme pour s’y accrocher et s’écroula la face contre le sol.

Il y eut un instant d’affolement duquel profita monsieur Ligny. L’arme du criminel se tourna vers lui : nous attendions la rafale mais elle ne vint pas. L’arme enrayée ne cracha pas la mort une seconde fois. Ligny était loin lorsqu’une réaction quelconque fut prise par ces lâches.

Monsieur Ligny avait pu se réfugier dans une maisonnette, hors de la vue des tueurs et avait réussi à se cacher dans une niche pour chien installée auprès d’une remise. C’est, évidemment, par la suite que nous avons appris les circonstances qui avaient servi cet homme.

Le chauffeur du camion qui, pendant ces instants tragiques s’était couché, dans le fossé fut autorisé à reprendre sa route, ce qu’il fit de grand cœur… si je puis dire.

Les Trois Pieds Nickelés espéraient retrouver monsieur Ligny. Ils suivirent le camion à distance dans leur voiture. Pensaient-ils que leur prisonnier libéré par la force des choses, serait assez naïf pour sortir de sa cachette et reprendre place dans le camion lorsque celui-ci passerait à sa hauteur ? Quelques minutes après, ils revenaient, sur les lieux, bredouilles. Nous n’avions pu réagir d’aucune façon puisque Navez nous surveillait toujours étroitement, son 7,65 en main.

MDL Brognon

A suivre

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