L’Europe veut enrayer le déclin dramatique de la biodiversité avec une loi de restauration de la nature. Il est temps de reconnaître l’urgence de cette législation et de faire partie de la solution.

Les décideurs politiques et toutes les parties prenantes de la société doivent reconnaître l’urgence d’une législation telle que la loi européenne sur la restauration de la nature et faire partie de la solution. La restauration de la nature rapporte d’énormes profits.
Parfois, des points lumineux apparaissent. Le fait que la Commission européenne travaille sur une loi sur la restauration de la nature, la première législation européenne importante pour la biodiversité depuis la directive Habitats de 1992, en fait partie. Pour la nature, c’est un moment parisien européen, après le traité sur le climat qui a été conclu dans cette ville en 2015. Le Parlement européen votera sur la proposition à la mi-juillet.
La situation est grave. Nous perdons la nature à un rythme sans précédent. Dans le monde, 1 million d’espèces sont menacées d’extinction. L’Europe ne fait pas exception : 81 % des habitats protégés et 63 % des espèces de l’Union européenne sont en très mauvais état. L’histoire est la même en Flandre : 28 % des espèces végétales et animales sont menacées, et pas moins de 39 des 44 types de nature européenne protégée en Flandre se portent mal. Nous devons investir activement dans la restauration à grande échelle, également en dehors des réserves naturelles actuelles, qui sont souvent trop petites et fragmentées.
La loi sur la restauration de la nature contient des éléments forts pour inverser la tendance. Par exemple, la proposition de la Commission doit couvrir au moins 20 % des zones terrestres et maritimes de l’UE d’ici 2030. La loi crée un espace pour la nature de bien d’autres manières. Le verdissement urbain devrait garantir que les villes restent plus fraîches pendant les étés. Plus de rivières doivent à nouveau pouvoir serpenter et déborder librement, aussi pour nous protéger contre les inondations. Des objectifs seront fixés pour les abeilles et autres pollinisateurs, les oiseaux des terres agricoles et des prairies, les sols agricoles riches en carbone et les forêts gérées plus naturellement. Les écosystèmes ayant le plus grand potentiel de stockage du carbone (comme les tourbières) et de réduction des conséquences des inondations et autres effets climatiques reçoivent une attention particulière.
Capital naturel
La loi sur la restauration de la nature reçoit enfin une attention méritée. Son influence peut aller loin et il s’agit bien de politique de transition. Il est donc important que nous, en tant que Belgique, adoptions une position ambitieuse, déployions la loi de manière réfléchie, et profitions ainsi pleinement des opportunités qu’elle offre aux secteurs économiques. La nature fournit de nombreuses matières premières et services dont dépend notre société. Il suffit de penser à l’importance d’un sol sain, d’une eau propre et suffisante et d’une riche biodiversité pour le secteur agricole.
Une économie saine dépend du capital naturel. Le Forum économique mondial (WEF) a calculé que la moitié du produit intérieur brut mondial dépend plus ou moins de la nature. Précisément parce que la loi sur la restauration de la nature s’appliquera à l’ensemble de l’Union européenne, les États membres seront tenus de contribuer aux objectifs de manière honnête et responsable. Cela crée des règles du jeu équitables dans lesquelles tous les pays contribuent de manière égale et une flexibilité suffisante est assurée.
Investir dans la restauration de la nature à grande échelle est indéniablement intéressant sur le plan socio-économique, car les avantages de la restauration sont plusieurs fois supérieurs aux coûts. La restauration de la nature rapporte : en emplois, mais aussi en devises fortes. La Commission européenne a calculé que chaque euro investi dans la restauration de la nature rapporte entre 8 et 38 euros en valeur économique. Une découverte remarquable. Cela est dû aux services écosystémiques qui jouent un rôle inestimable dans le soutien de la sécurité alimentaire, l’adaptation et l’atténuation du climat, et l’impact positif sur la santé humaine.
Santé
La loi sur la restauration de la nature peut également rapporter d’énormes profits à ces derniers. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la mauvaise qualité de l’environnement contribue à un décès sur huit. Cela représente 630 000 décès dans l’UE chaque année. Et à la fin de l’année dernière, le cabinet de conseil Sweco a lancé une étude sur l’impact de la verdure sur notre santé. Conclusion : chaque hectare de verdure supplémentaire signifie en moyenne plus de huit habitants nécessitant moins de soins.
Il y a aussi des avantages pour notre santé physique et mentale. Une étude de marché menée par Ivox à l’été 2022 auprès de 1 000 Flamands était claire : 68 % ont besoin de la nature pour se déstresser. Investir dans la restauration de la nature n’est pas un élément de coût, mais crée une énorme valeur ajoutée.
Avec 206 autres organisations, nous appelons les États membres de l’UE, le Parlement européen et la Commission européenne à travailler sur cette loi forte sur la restauration de la nature d’ici 2023. Nous devons agir maintenant pour enrayer la crise climatique et de la biodiversité. Procrastiner plus longtemps ou diluer le niveau d’ambition de cette loi ne fera que rendre la gestion des conséquences plus difficile et plus coûteuse.
La proposition de loi sur la restauration de la nature offre une excellente occasion de s’éloigner enfin d’un déclin continu et de tout mettre en œuvre pour le rétablissement. Non seulement de la nature, mais aussi de notre propre santé, de notre cadre de vie et de notre économie. C’est l’un des meilleurs investissements que notre société puisse faire.
Cet avis a été rédigé par Natuurpunt, WWF, Greenpeace, Bos+, Vogelbescherming Vlaanderen et Bond Beter Leefmilieu, et est paru dans De Tijd le 11 avril 2023 .
Hélène De Smet
Expert en politique nutritionnelle ~ porte-parole du Forum Gauche-Ecologie