Après le crime : la panique

La nouvelle du massacre de Courcelles s’était répandue dans la région avec la fulgurante rapidité de l’éclair. L’angoisse, la terreur, la crainte glaçaient les cœurs. La ville de Charleroi se vida de tout ce qui touchait au barreau, à la magistrature, à la police et aux professions libérales. Monsieur Plumier, commissaire en chef, adressa à Monsieur Grevesse, premier échevin, remplaçant en titre, le bourgmestre décédé.
Le 18 août à 10h du matin se réunit le collège échevinal de Charleroi. Après avoir rendu hommage au bourgmestre Englebin, l’échevin Grevesse déclara que rien ne pouvait justifier les événements de la nuit commis par les assassins. Le fameux échevin Merlot rétorqua : « Non, des justiciers ». De son côté, l’échevin Sarlet rejoignit le bourgmestre et déclara que ceux qui avaient ordonné les meurtres étaient des assassins comme ceux qui les avaient exécutés. Suite à cette déclaration, Merlot intervient de nouveau avec force en ajoutant que les ordres venaient de Bruxelles et que les représailles avaient été modérées car les justiciers avaient été autorisés à abattre deux cents otages.
Les paroles de cet individu étaient lourdes de menaces. Devant cette situation, le bourgmestre ff téléphona à la Kommandantur pour solliciter une entrevue qui fut fixée au surlendemain.
Une démarche courageuse
Dans l’entre-temps, Monsieur Joseph Tihon, substitut du procureur du Roi obtint un rendez-vous, l’après-midi à la Kreiskomnandatur. Il se rendit ensuite au Palais de Justice de Charleroi déserté par les magistrats se sentant menacés puis il téléphona au Parquet général à Bruxelles pour les mettre au courant de la situation.
Toutefois vu les circonstances il revenait aux organismes allemands de se charger de l’enquête puisque les représailles étaient le fait d’organismes allemands ou assimilés ou au moins d’organismes rexistes ou d’ordre nouveau. Il faut savoir qu’il était interdit aux autorités judiciaire belges d’intervenir dans ses circonstances.
Il adressa alors un rapport au Procureur général de Belgique et se rendit ensuite à la Kreiskommandantur où il fitle résumé de la dramatique situation : l’arrestation et l’assassinat de personnes étrangères au meurtre du bourgmestre Englebin.
Il signala que la « police Merlot » avait joué un rôle important dans les assassinats et ajouta qu’il craignait que de nouvelles tueries risquaient d’intervenir durant la prochaine nuit. La gendarmerie belge avait le droit d’ y procéder s’il s’agissait de civils mais pas de personnes en civil portant un uniforme allemand. L’officier auquel il s’adressait lui donna une vague promesse d’intervention.
Monsieur Tihon eut alors un entretien avec le commandant de gendarmerie de Charleroi qui ne pouvait prendre que des mesures illusoires vu qu’il ne possédait pas d’automobile, que ses hommes étaient insuffisamment nombreux et manquaient d’armes tandis que les assassins rexistes étaient lourdement armés.
La nuit du 18 au 19 août fut relativement calme, les Allemands ayant transmis des ordres. Toutefois la réaction de ces autorités était fortement hypocrite à propos de la « police Merlot » qui possédait des autorisations nécessaires pour procéder à des arrestations et à laquelle il était parfois confié des mesures relevant de la police allemande.
Les diverses interventions aboutirent chez le général SS Jungclaus qui expédia un rapport à Berlin où les choses furent prises au sérieux en envoyant sur le champ le docteur Slüss. Celui-ci convoqua le chef a.i. rexiste Matthys et lui ordonna de mettre fin à toute nouvelle représaille.
Les massacres globaux cessèrent mais la panique elle ne cessa pas. De son côté, le commissaire de police de Charleroi, Monsieur Plumier envoya un rapport au secrétaire général Romsée*, rapport qui fut approuvé par Monsieur Grevesse, bourgmestre ff.
* M. Romsée fut nommé secrétaire général de l’Intérieur et de la Santé. Pendant l’occupation allemande, il appartint au comité de secrétaires généraux qui dirigeait de fait le pays en l’absence d’un gouvernement belge.
Résumé réalisé par Robert Tangre
A suivre