Rencontre avec des copains et copines de Bouffioulx

Plusieurs camarades de Marcinelle participaient aussi à des activités politiques, sportives et culturelles à Bouffioulx. Cela se pratiquait dans chaque localité où un mouvement de gauche se créait.

Une fête du Drapeau Rouge. A Alost semblerait-il?

A Bouffioulx, les rendez-vous se faisaient chez Alex Cobbe là où se rassemblaient tous les vieux militants communistes dont certains avaient fait de la résistance.

Leurs enfants et petits-enfants pétris de cette idéologie apprirent bien vite à intervenir dans des réunions, des distributions de tracts, la vente de journaux, le collage d’affiches et le chaulage.

Parmi eux, il y avait Jeannine Simon. Quoique très jeune encore, elle n’avait que 19 ans, elle était la plus engagée et devint dès lors la responsable politique de la section de Bouffioulx. Elle organisait les activités et participait aux congrès qui se tenaient Charleroi ou à Bruxelles. Elle ne voyait pas l’utilité de passer par un mouvement de jeunesse.

Il n’y avait donc pas de Jeunesse Populaire à Bouffioulx comme cela existait à Marcinelle, Couillet, Goutroux ou encore Dampremy. Dans ses activités, elle était surtout secondée par son grand-père Alex ou par la famille Gramme.

En 1958, il y eut la fête annuelle du Drapeau Rouge à Alost. La section de Bouffioulx avait organisé en autocar pour s’y rendre. C’est de Bouffioulx, cette fois que je suis parti avec cette bande de joyeux drilles. Dans le car, il y avait la vieille Julia, une femme un peu excentrique qui racontait des histoires drôles dans un wallon savoureux.

Comme toutes les fêtes, celle d’Alost fut des plus réussie. Il était près de minuit lorsqu’on repartit vers Charleroi. Je ne vis plus jamais Julia car très vieille, elle mourut peu de temps après. Ce n’est qu’un peu plus tard qu’Alex, le grand-père de Jeannine me raconta son histoire. Depuis sa plus tendre jeunesse, Julia n’avait qu’une passion : elle adorait son mari et cela était réciproque. Les années passaient. L’homme de Julia contracta une grave maladie et au cours d’une longue et triste nuit, il trépassa. Personne  ne fut au courant de sa mort. Comme on ne le voyait plus sortir et quand on s’étonnait, son épouse se mettait à pleurer et racontait que son mari avait fugué, peut-être avec une autre femme

Plusieurs années plus tard, sentant sa fin prochaine, Julia, la veuve inconsolable confia la vérité à ses vieux copains dont Alex. Ne voulant pas vivre trop loin de son amour, elle avait enterré son mari le plus près possible de chez elle dans le bois des Malagnes. Telle est l’étrange histoire que certains vieux grands-pères racontaient à Bouffioulx. Est-elle vrai? Peut-être un jour, une fouille fortuite à quelque profondeur sous les broussailles, mettra-t-elle à jour les ossements d’un homme qui fut beaucoup aimé.

Roger Nicolas

A suivre

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