Les histoires d’un militant de Marcinelle (suite n°12)

La Gatte d’or.

Pour rappel : Roger et ses amis de la Jeunesse populaire avaient passé un week-end à Bouffioulx pour participer à la fête organisée par la section locale de Parti communiste.

Avant de saluer notre départ, Monique et Marie-Jeanne, les petites filles de nos charmants vieux camarades, nos nouvelles amies, nous firent part de leur projet pour une prochaine rencontre. Il s’agissait pour le dimanche suivant d’aller à la découverte de la Gatte d’or*, c’est le nom qu’elles donnaient à un trésor qui a la forme d’une chèvre ou qui est enveloppé d’une peau de chèvre.

Ce trésor aurait été enfoui dans un endroit secret par les Sarrasins, il y a des centaines d’années. On retrouve cette légende de la Gatte un peu partout en Wallonie. Il y en aurait une à Marcinelle, une autre à Bouffioulx et à Gilly Soleilmont comme en bien d’autres endroits encore.

À la limite de Goutroux, elle se trouverait au fond d’une ravine où l’on déversait les immondices. Le jour J arriva et nous nous rendîmes au rendez-vous chez les grands-parents de nos nouvelles copines. Je me réjouissais de revoir celle qui avait « une jupe à fleurs ». Nos amies nous apprirent une bien triste nouvelle : cette pauvre fille s’était tuée en moto quelques jours auparavant. Elle s’était jetée sur un camion à la croisée de deux chemins. La mort avait été instantanée. Un rideau de désespoir s’abattit sur nous. C’était triste mais néanmoins la vie continuait et le rendez-vous restez pris.

Nous nous sommes donc rendus au fond de la ravine située non loin du « Pont à vaches » afin de découvrir cette fameuse Gatte d’or. Robert Mahaut de Charleroi qui était le plus fou de nous tous s’engagea dans ce qui paraissait être un souterrain. C’est alors qu’un pan de cendrées et de déchets s’effondra et le recouvrit à moitié. Il regretta d’avoir eu cette stupide idée de chasse au trésor d’autant plus qu’il avait revêtu son beau costume du dimanche. Celui-ci était dans un état lamentable et lui-même, noir comme un charbonnier. Il ne lui restait plus qu’à aller se décrasser chez lui. Nous reprîmes bien vite le chemin du retour car cette journée qui s’était annoncée comme enthousiasmante s’avéra être des plus mauvaise.

Désormais, nous connaissions Goutroux. Là avec nos nouveaux copains et copines, nous participâmes à diverses activités politiques, sportives et culturelles comme nous le faisions à Marcinelle.

  • folklore wallon, qui vivrait dans des cavernes et des souterrains, y gardant une quantité considérable d’or et ne quittant son trésor qu’une fois l’an, durant la nuit de la Saint-Jean.

Roger Nicolas

A suivre

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