La seconde expédition de Joseph Pévenasse.

Les participants à cette expédition étaient nombreux tout comme était longue la liste des personnes qui devaient être arrêtées.
Leur première visite eut lieu chez M. l’avocat René Dubuisson habitant rue d’Orléans n° 22 à Charleroi. Ce dernier, averti, était parti se cacher à Bruxelles. Il se savait visé car un rexiste lui en voulait particulièrement à savoir Pévenasse, le chef de l’expédition. Me Dubuisson avait déposé plainte contre cet individu pour un coup de gifle et condamné à trois mois de prison.
La bande se dirigea ensuite vers le domicile de M. l’avocat Corneille Embise domicilié au boulevard Audent n° 43. Le tapage qu’ils menèrent réveilla un officier allemand qui logeait là et les courageux s’en allèrent sans demander leur reste.
Leur troisième visite fut pour M. Léon Vitry, ancien bâtonnier de l’ordre des avocats qui logeait lui aussi au boulevard Audent. Pévenasse lui en voulait également car c’était lui qui l’avait sanctionné dans l’affaire qui l’avait opposé à Me Embise. Le magistrat , lui aussi, avait pris soin de s’éclipser de son domicile. Un officier allemand occupait une chambre chez Me Vitry qui leur ouvrit la porte du domicile. Ils visitèrent toute la maison, leurs recherches vaines, après avoir commis des dégâts très importants par pure vengeance. La facture de leurs mauvaises œuvres se montait à 250 000 FB, somme importante pour l’époque.
Cette fois, à nouveau déçus, ils partirent vers l’habitation de l’architecte Léon Coton habitant quai de Sambre. Il est bon de se rappeler qu’à l’époque, la Sambre coulait là où a été tracé le Boulevard Tirou. Arrivé sur place, ils menèrent un tel raffut qu’ils réveillèrent tout le voisinage. Comme la porte d’entrée leur résistait, ils allèrent réveiller l’habitant voisin qui leur ouvrit. Ils entrèrent en force dans la maison, grimpèrent les escaliers, ouvrirent une tabatière et se glissèrent sur le toit de la maison où habitait M. Coton dont le frère, le docteur Coton avait déjà été arrêté lors d’un récit que nous avons déjà écrit. Sur le toit, ils procédèrent de la même façon, entrèrent par la tabatière et descendirent au second étage où se trouvait l’appartement de l’architecte. Ils l’arrêtèrent et un groupe l’encadra pour le conduire rue du Parc où plusieurs otages étaient déjà rassemblés.
Pendant ce temps, le reste de la troupe se rendit chez M. Maurice Goffin, lui aussi ancien bâtonnier, habitant rue du Pont Neuf n° 1. L’avocat, ayant été averti des incidents qui éclataient en divers endroits de la région prit la décision de partir sur la recommandation de son épouse. Mme Goffin leur ouvrit toutefois la porte de la maison. Ici, nous devons signaler que cette dame ne fut pas arrêtée comme le fut Mme Gobbe dont nous avons déjà évoqué l’histoire. Les voyous n’obéissaient pas ainsi à l’ordre qui leur fut donné par le grand chef rexiste Matthys : « Arrêter les épouses en cas d’absence du conjoint. »
Résumé réalisé par Robert Tangre
A suivre : « L’expédition de Jules Colyns à Charleroi »