Le Grand Charleroi
A certains moments quand je lis les commentaires farfelus reproduits sur Facebook plus particulièrement, je me demande si le travail que je fais en vaut la peine. Enfin, l’enseignant que je suis et que je reste au plus profond de moi-même, je trouve encore indispensable d’informer, d’expliquer, … Ai-je tort ? A vous de juger.
Alors allons-y mais avant de me replonger dans l’histoire décrite par Alfred Lemaître dans son livre « Le crime du 18 août » édité en 1946, époque où chacun connaissait les douloureuses années qui venaient de se terminer, j’estime indispensable d’expliquer les raisons qui ont conduit au drame, au meurtre des futurs martyrs.

Alors voilà, copié de « Du murmure au grondement » les faits qui ont mené à la création du Grand Charleroi.
Au lendemain de la campagne des 18 jours*, les échevins de la ville ont fui principalement en France. Le collège échevinal de la ville était composé de Joseph Tirou (libéral), Léon Henvaux (catholique), Jean Hanquinet (libéral), Octave Pinckers (libéral), Elie Delferrière (socialiste) auquel s’était joint Pierre Gobbe (catholique) depuis la maladie de Joseph Tirou en 1939.
Au lendemain de la défaite de notre armée, les échevins carolos sont donc introuvables. Seuls deux conseillers communaux étaient restés à Charleroi lors de l’arrivée des troupes allemandes. Le Bourgmestre Tirou démissionnera en décembre 1940. Seul Gobbe reprendra son poste de 1941 à 1942 tandis que les cinq autres échevins passent en jugement devant la 7 -ème chambre correctionnelle du tribunal de Charleroi et seront condamnés pour leur attitude à des peines de suspension de leur fonction mais ils ne reprendront pas leur responsabilité scabinale durant tout le conflit.
Pendant ce temps Prosper Theugels, ancien conseiller communal rexiste profite de l’occasion pour occuper un des postes vacants dès l’été 1940 et deviendra bourgmestre le 5 avril 1941 car dans le but d’introduire au sein de l’administration belge son Füherprinzip**, l’occupant allemand supprime les conseils communaux et par là même la démocratie locale. À Charleroi, Prosper Teughels, rexiste, est désigné bourgmestre. En 1942, c’est la création du Grand Charleroi (voir la carte jointe). Le 1 er septembre 1942, il ne reste plus dans le collège échevinal devenu le seul dirigeant de la ville que les rexistes, partisans de l’Ordre nouveau.
Aux yeux de l’opinion publique, l’équipe dirigeante symbolise l‘asservissement à l’occupant Aussi, il ne faut pas s’étonner que Prosper Theugels soit abattu par la résistance le 19 novembre 1942 par une petite équipe de partisans armés. Le 1 er janvier 1943 Oswald Englebin de Trazegnies est nommé bourgmestre. Né à Trazegnies le 27 décembre 1893. Après avoir accompli des études commerciales, il est devenu directeur du Secours d’Hiver le 4 janvier 1941. Le 10 octobre de la même année, il est nommé bourgmestre de Trazegnies. Lors de la formation du Grand Charleroi, il devient échevin du ravitaillement avant d’occuper la fonction de bourgmestre suite au décès de Theugels.
Je pense avoir donné à mes lecteurs tous les éléments qui vont leur permettre de comprendre les événements qui surviendront suite à son décès le 17 août 1944
*Date de la capitulation de notre armée
**Le Führerprinzip (« principe du chef ») est un principe essentiel du fonctionnement du régime nazi et consiste en la soumission aveugle aux ordres d’un Führer selon une organisation hiérarchique.
A suivre.
Résumé par Robert Tangre