En tournant les pages
Nous n’en finirions pas … Nous refermons avec regrets ce livre maculé, cet assemblage de feuillets disparates où sont brièvement énumérés les exploits des partisans. Mais avant de le déposer là, doucement, comme une relique, ou plutôt comme un vieux témoin infaillible, nous le consultons une dernière fois, très vite, en sautant des pages, beaucoup de pages, hélas !
Eux aussi, les partisans, ils allaient rapidement : ils passaient, agissaient, tombaient, luttaient dans le souffle infernal de la guerre …
1942 …
Nos yeux tombent d’abord sur un nom : Richard Soupart. Le valeureux chef de groupe était activement recherché par l’ennemi depuis le sabotage d’une centrale électrique à Quaregnon dans le Borinage en août 1942.
Quelques jours après l’attentat, Soupart fut surpris par les Nazis dans la maison où il s’était retiré seul. Cerné de partout et décidé à vendre chèrement sa vie, le partisan prit une mitraillette et une bonne provision de cartouches puis gagna le toit de l’immeuble. De là, il tint l’ennemi en respect durant toute la nuit. Bien abrité derrière une cheminée, Richard faisait feu sur toute ombre suspecte. Doué d’un sang-froid admirable, il savait tirer juste !
Effrayé devant le nombre de leurs morts et de leurs blessés, les Allemands se retranchèrent derrière les maisons voisines. Mais ils devaient avoir raison de l’homme qui avait osé leur tenir tête.
Au matin, Richard qui s’attendait à voir les nazis attaquer en force dut frémir d’horreur et de dégoût en face de la bassesse des soudards inhumains. Les boches n’avaient rien trouvé de plus monstrueux que d’amener sur les lieux la mère du partisan irrémédiablement condamné.
L’un de ces reîtres poussait devant lui la malheureuse femme et appuyait le canon de son révolver sur ce front ridé, ravagé de souffrance.
Soupart comprit la menace : descendre ou voir sa mère lâchement abattue, victime innocente ! Pauvre mère …
Richard jeta ses armes et descendit. Il eut la force de crier le jour de son exécution : « Mon corps va mourir mais mon esprit survivra. Il survivra dans celui de mes camarades qui poursuivront la lutte jusqu’au triomphe de notre idéal commun ! »
1942 …
A Gand, à Wevelghem, déraillements de trains de munitions. A Grammont, un train d’essence quitte les rails
Des avions brûlent sur le champ d’aviation de Wevelghem.
Une locomotive et vingt wagons réduits en ferraille à Ath
Au mois d’août, 200.000 kilos de paille destinés à la Wehrmacht sont incendiés à Wervicq ; un dépôt de vivres et de matériel détruit à Anvers.
Le 17 septembre, un train déraille sur la ligne Lessines-Grammont. Le 21, les partisans envahissent la gare de Haine-saint-Pierre. Ils y trouvent un train de marchandises en stationnement, en évacuent le personnel et lancent en marche arrière le convoi qui va télescoper une rame de wagons. Résultat : 10 wagons détruits et les voies impraticables durant trois jours.
Le 6 novembre, les P.A. de Charleroi sont en déplacement dans l’Ent-Sambre et Meuse. Ils s’arrêtent à Walcourt. Le temps de rassembler le personnel de la gare dans un abri souterrain, de dynamiter neuf locomotives et de raser la cabine d’aiguillage.
Anvers, 13 novembre : la ligne de chemin de fer Belgique-Hollande est dynamitée à Mariabirg.
In lieutenant-colonel allemand est tué place de Vannes à Liège et un major e la feldgendarmerie tombe sous les balles d’un partisan rue Feronstier.
A Rebaix, à Pepignies, à Deux-Acres, des écluses de la Dendre sautent : sérieuse entrave aux transports de matériaux destinés à la construction du mur de l’Atlantique
A suivre : 1943 …