1943 …
Le 6 février vit la destruction à Anvers d’un atelier spécialisé dans la confection de vêtements de cuir pour l’armée allemande. Un rail de dix-huit mètres était enlevé sur la ligne Binche-Bonne Espérance, opération qui provoqua le déraillement d’un train transportant des pièces pour avions. Au dépôt de Ath, les Allemands tempêtaient devant dix locomotives magistralement sabotées.

Le 27 mars, le barrage Notté sur la Dendre canalisée à Lessines fut violemment secoué par l’explosion de 5 kilos de dynamite judicieusement placés. Le canal mis à sec sur une longueur de cinq kilomètres immobilisa péniches et remorqueurs pendant cinq jours. Comble de l’audace et de la mystification : les P.A. réussirent à crever les quatre pneus de la voiture qui avait amené la Gestapo sur les lieux de l’enquête.
Le même jour, un rail fut déboulonné dans le tunnel de Gedinne sur la ligne Dinant-Bertrix, déraillement, obstruction du tunnel pendant cinq jours.
Sur le terrain de football de Berchem, un détachement de « noirs » s’exerçait au maniement des explosifs. Trois patriotes se glissèrent le long du mur en béton. L’un d’eux envoya dans le groupe une grenade bien amorcée. Ce fut pour les V.N.V. l’occasion d’étudier la différence entre l’exercice et la réalité. Seulement, cela se paie et les quelques « noirs » étendus sur le terrain firent les frais de l’expérience.
Le 25 avril à Merxem, au lieu-dit Yskelder, les câbles téléphoniques et les câbles électriques étaient coupés sur le pont du canal Albert.
Au cours de la seconde quinzaine d’avril, vingt locomotives furent sabotées dans la région de Bertrix.
Le 8 mai, une écluse disloquée sur la Dendre à Rebaix fut cause de l’interruption du trafic durant six semaines.
Le 11 juin, Degrelle annonçait cyniquement que 508 terroristes avaient été fusillés.
Le 16 septembre, nouvelle attaque du rail aux environs de Blaregnies sur la ligne Mons-Paris. Un train de matériel déraille, une locomotive détruite, une autre machine et quinze wagons gravement avariés, un Allemand tué et un autre blessé. Deux grosses grues furent requises pour le déblaiement des voies. Malheureusement, le mécanicien et le chauffeur du train périrent dans la catastrophe. Terrible rançon due à la guerre implacable.
Le lendemain, la ligne Hasselt-Maeseycke sautait au « Pont noir » : un train de matériel se disloquait au grand dommage de son chargement composé de tanks et de pièces pour avions.
Frameries, 2 octobre : trois boches emmenaient un partisan qu’ils venaient d’arrêter. Survinrent deux camarades du prisonnier. Coups de révolvers … Un Nazi tué, un blessé, le troisième en fuite…
Le 6 octobre à Ciply, les saboteurs tombèrent sur un train arrêté, en firent descendre le personnel et lancèrent le convoi en direction de Mons. Une machine en manœuvre à la sortie de la gare reçut le choc qui se traduisit par sept wagons et deux locomotives endommagées.
Les partisans du Borinage excellaient dans ce genre d’opérations. Le même jour, vingt-quatre hommes se rendaient maîtres de tout le personnel de nuit en gare de Warquignies. Les patriotes se préparaient à lancer un train de vingt wagons en direction de Wasmes quand un autre convoi survint et s’arrêta. Les deux trains furent attachés l’un à l’autre, on arrosa de pétrole quelques wagons de paille, on y mit le feu … puis le convoi s’ébranla, prit de la vitesse. Crachant la vapeur en flots pressés, les locomotives ne purent pourtant pas développer toute leur vitesse. Comme à Ciply, le train tamponna une locomotive en manœuvre. Deux machines seulement furent sérieusement avariées mais vingt wagons se consumèrent avec leur chargement. N’en subsistèrent que vingt carcasses tordues, calcinées, à jamais inutilisables.
Le 11 décembre à Voroux-Goreux, un train de troupes déraille. Les Allemands ouvrent le feu sur les partisans. Ceux-ci se retirent sans pertes mais les victimes de « l’accident » se chiffrent par quatre-vingt-cinq tués et cent cinquante blessés.
Le 18 à Lessines, deux portes d’écluses volaient en éclats et deux cents mètres cubes de maçonnerie étaient pulvérisés, interrompant la navigation pour plusieurs mois.
Désireux de renouveler leur stock d’explosifs, les P.A. de Charleroi trompant la vigilance de deux gardiens et d’un chien redoutable, prélevèrent le 21 décembre, aux usines Solvay, 520 kilos de dynamite et des milliers de détonateurs.
De leur côté, les Liégeois ne manquaient pas de manifester leur réprobation vis-à-vis des collaborateurs. Trois hommes surgirent dans un café où le traître Galire se trouvait attablé. Deux d’entre eux tinrent en respect les civils et les soldats allemands clients de l’établissement tandis que le troisième procéda à l’exécution de l’emboché.
Le 23, un attentat provoque le déraillement d’un train à Boortmeerbeek. Quelques wagons-citernes transportant du goudron et un wagon de farine mélangent leurs contenus. Un wagon de seconde classe bondé d’Allemands avait été détaché du train à son passage à Verviers. Ces Fritz peuvent se vanter de l’avoir échappé belle !
Le 31, les patriotes flamands clôturèrent l’année en incendiant plusieurs fabriques de lin, particulièrement à Wevelgem. Chez Minnes-Frères, 350 000 kilos de la précieuse matière furent anéantis.
Dans les Flandres, dans le Limbourg, partout, des déraillements se succédaient à une cadence désastreuse pour l’ennemi.
A suivre : « 1944 ».