Armée belge des partisans armés (suite LXXXVI)

Ultimatum osé

Les deux Ourthe

Dans le secteur d’Ourthe-Amblève, opérait un groupe de P.A. qui s’était déjà distingué au cours d’actions antérieures. Ce groupe commandé par un Russe surnommé Billy se trouvait aux environs de Comblain-au-Pont lors des combats de la libération.

La majorité des patriotes de la localité avaient rejoint le maquis et les Allemands avaient menacé de fusiller quelques femmes si les hommes n’étaient pas rentrés avant le soir.

Affreux dilemme ! Rentrer, c’était faire amende honorable et s’offrir aux représailles de l’ennemi. D’autre part, les assassins étaient capables de mettre leur menace à exécution et les patriotes appréhendaient le pire.

Les partisans de Billy avaient déjà capturé une cinquantaine de prisonniers dont quelques Autrichiens et saisi un camion chargé de matériel d’un quelconque service administratif. L’inventaire en comportait : papiers de bureau, machines à écrire, etc. …

Billy vit là-dedans le moyen de concilier les choses. Un ultimatum en bonne et due forme fut dactylographié sur papier portant l’en-tête de l’Armée Belge des Partisans.

Cet ordre exigeait la reddition pour 5 h du matin, de tous les Allemands occupant la localité. Officiers et soldats désarmés devaient, à l’heure dite, sortir en colonne et attendre l’arrivée du parlementaire P. A.

 En cas de non-observance, les partisans prendraient immédiatement l’offensive.

Billy chargea un officier autrichien prisonnier de porter le pli aux Allemands. Ceux-ci, faisant fi de l’ultimatum, commencèrent la concentration de leurs effectifs, cherchant les positions les plus favorables pour la défense. De loin, les P.A. pouvaient observer les manœuvres de l’ennemi, lequel disposait de mitrailleuses et même de canons légers.

Billy décida de prendre l’offensive séance tenante et d’en imposer aux boches par une manœuvre surprenante. Les P. A. cernèrent la commune. Les effectifs, étirés sur une large circonférence, attendaient les ordres. La nuit était venue.

Tout à coup, une fusée entraîna dans le ciel son panache éblouissant. C’était le signal. Une fusillade nourrie éclata, éveillant tous les échos, se calmant parfois, pour reprendre avec plus d’intensité d’un côté opposé.

Les boches, assiégés, piétinaient, ne sachant quelles mesures adopter. Là-haut, les fusées s’entrecroisaient …. Et puis, les balles sifflaient, ricochaient sur les murs ou tombaient comme grêle sur les toits.

Que serait-ce au matin quand les P.A. déclencheraient l’attaque ?

L’ennemi tint conseil : « Se rendre ou attendre l’’offensive prévue ? » Mais quels étaient les effectifs des partisans ? Sans doute se sentaient-ils capables de venir à bout de la petite garnison ?

Lassés d’une longue attente, à moitié démoralisés devant l’inconnu et par la terreur que leur inspirait le maquis, les Allemands avaient perdu leur allant. En dernier ressort, leur chef décida de tenter une sortie, de rompre l’encerclement. Les Nazis se faufilèrent dans le noir, cherchant un passage qui leur permettrait de rejoindre le gros de leur armée en retraite vers l’est. Ils y parvinrent sans peine. Les petits groupes de P.A. disséminés à la ronde n’étaient guère en état d’affronter la colonne.

Mais les boches, redoutant à leur tour de sévères représailles, n’avaient pas exécuté leur menace. La commune était intacte et les habitants sains et saufs. Le commandant Billy et ses partisans d’Ourthe-Amblève n’en espéraient pas plus.

A suivre : « Dénouement »

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