L’armée belge des partisans armés (suite LXXVI)

Les femmes

Fernande Volral

Qui chantera l’héroïsme des partisanes, de ces femmes hardies vouant toute leur force, tout leur cœur à la résistance ?

Que dire de celles qui s’enfermaient durant des jours et des nuits dans une chambre, dans une mansarde , portes et fenêtres fermées pour étouffer le crépitement des dactylo-types. Les partisanes vivaient là des heures fébriles dans une atmosphère suffocante.

Presse clandestine ! Matériel de fortune, papier introuvable, rédacteurs hors-la-loi, reporters traqués sans pitié. Le bulletin devait paraître et il paraissait. Que d’angoisses, que d’efforts dans ces pièces surchauffées !

En hiver, c’était pis encore. Sans feu, sous la lumière mate filtrée par les carreaux givrés, les femmes grelotaient, s’arrêtaient parfois pour réchauffer de leur haleine leurs doigts engourdis. Quand par malheur, les boches envahissaient la maison, l’espoir de salut restait bien faible … : on n’emporte pas facilement un matériel d’impression, si modeste soit-il.

Et les courriers, ménagères obscures, sous les traits d’une paisible et corpulente villageoise ou cachant dans l’espièglerie d’une jeunesse frivole, un courage sublime … Ces femmes n’hésitaient pas à se lancer dans les plus extraordinaires aventures.

Souvenons-nous de Fernande Volral. En elle, voyons toutes les femmes de chez nous tombées au combat. Fernand Volral avait beaucoup de sœurs. Nous ne les connaissons pas toutes mais toutes se ressemblaient.

Dès 1940, Fernande s’opposa audacieusement aux mesures de l’occupant. Tour à tour, agent de propagande et de renseignement, animatrice de la presse clandestine et courrier puis enfin partisane, elle fut arrêtée par l’ennemi le 23 février 1943.

Porteuse d’un colis plus que compromettant, elle n’hésita pas à se servir de son révolver car elle connaissait l’enjeu. Malheureusement, elle ne put échapper aux feldgendarmes.

Emprisonnée à Saint-Gilles, elle en sortit le 21 septembre 1943 pour être transférée au camp de Nielzem en Allemagne. C’est là qu’elle passa en jugement le 24 mars 1944. Ce fut pour s’entendre condamnée à mort

Après des mois et des mois de traitements cruels, inhumains, Fernande Volral monta sur l’échafaud le 17 avril 1944. Les boches lui avaient réservé une mort horrifiante : la décapitation. La hache du bourreau trancha cette vie toute de dévouement, d’abnégation, de travail héroïque

Fernande Volral est morte en digne partisane, ne reniant ni ses convictions, ni ses aspirations mais muette quant aux renseignements que ses bourreaux voulaient lui arracher par la torture. Et Fernande avait beaucoup de sœurs partisanes … et toutes se ressemblaient.

Prochain épisode : « Comment on devient illégal ? »

Laisser un commentaire