Déraillements (1)

Dans la nuit du 18 au 19 mars 1944, la 1 ère et 7 -ème compagnie des P.A. d’Ourthe-Amblève entreprirent le déraillement d’un train de minerai dans le tunnel d’Esneux. Après deux heures de marche à travers bois, le premier détachement atteignit les approches du tunnel dont les deux entrées étaient gardées par des sentinelles allemandes. Les patriotes commencèrent par désarmer ces factionnaires. Nous ne nions pas la valeur du soldat allemand mais la reddition de ceux qui nous occupent nous prouve qu’ils savent aussi s’incliner devant la force.
Une fois cette affaire réglée, les P.A. pénétrèrent dans le tunnel et se mirent à enlever les tire-fond (un sur deux de façon à laisser la voie libre pour le passage du train de 2 h 37. Bien mal à propos, ce convoi ne passa qu’à 3 h du matin. Mais ensuite, les saboteurs mirent les bouchées doubles. Au total, 140 tire-fond furent enlevés et la voie amputée d’un tronçon de 25 mètres de rail
Cependant, le 2 -ème détachement attendait entre Souverain-Pré et La Gombe, l’arrivée du train voué à la destruction. Après le passage du train de 2 h 37, nos hommes maîtrisèrent en douceur les quatre gardes civils qui déambulaient le long des voies.
A 4 h 45, le train « Talbot » s’amena, lourd et pourtant si docile puisqu’il s’arrêta au signal. Tour à tour, le mécanicien, le chauffeur, le garde-convoi et deux Allemands chargés de protéger le train levèrent les bras. Qu’auraient-ils pu faire en face de saboteurs invisibles et menaçants.
Quand tout e petit monde se fut docilement rassemblé, les P.A. approchèrent. Un connaisseur monta sur la locomotive, poussa le levier en avant, ouvrit tout grand l’appareil d’admission de vapeur puis sauta sur le ballast.
On ne pourra jamais avoir une vue exacte de l’amoncellement inextricable qui bloqua le tunnel. La locomotive et les wagons démolis s’y trouvaient coincés de telle sorte que l’emploi du chalumeau fut nécessaire pour découper sur place une partie des ferrailles enchevêtrées. Les travaux de déblaiement durèrent dix jours.
Quant aux partisans, ils s’étaient retirés sans pertes en emportant les armes et les munitions enlevées aux Allemands.
A suivre: « Déraillements (2)«