L’armée belge des partisans armés (suite LXII)

« Villégiature fatale ».

Blockx, chef de l’organisation rexiste « Jeunesse légionnaire » était en villégiature à Landelies quand le commandement national fit parvenir au commandant du Corps de Charleroi, l’ordre d’exécuter le renégat dans les 24 heures. D … commandant du bataillon fut chargé de la mission. Seulement un doute planait quant à l’identité du fameux chef rexiste. Le bruit courait que Blockx avait un frère. Dès lors, était-ce réellement le traître qui résidait à Landelies ou bien … l’autre ? Il s’agissait de ne pas commettre une erreur.

D … accompagné de ses meilleurs éléments, s’occupa tout d’abord de la sécurité de son détachement. Dans le voisinage de la retraite de Blockx, quelques maisons étaient pourvues de téléphone. Les P.A. envahirent ces maisons et laissèrent dans chacune, un homme à la garde des habitants et de l’appareil. Ainsi nul n’aurait pu alerter la police ou les Allemands.

Ensuite, trois hommes s’en allèrent vers l’habitation de l’individu recherché. En cours de route, ils rencontrèrent un N.S.K.K. en uniforme. Celui-là devrait donner aux partisans la possibilité de pénétrer sans trop de difficulté dans le repaire de l’ennemi.

N.S.K.K.: collaborateurs des nazis

Sommé de lever les bras, l’homme se soumit immédiatement car un révolver ponctuait l’ordre. Puis le soldat fut fouillé. Pas d’armes. Les patriotes s’appliquèrent alors à terroriser le fantoche en vue d’obtenir son aide. Ils lui déclarèrent que la révolte générale venait de se déclencher et que tous les collaborateurs rencontrés devaient être mis à mort. Le misérable implora sa grâce. Elle lui fut accordée à condition d’accompagner les patriotes et de se faire ouvrir la porte chez Blockx.

Les partisans avaient vu juste. La femme du traître souleva un coin du rideau, aperçut l’homme en uniforme et ouvrit en toute confiance. Le N.S.K.K. était tenu en respect par deux patriotes qui, révolver au poing, se collaient contre le mur. Mais la femme, jetant un regard de biais remarqua la présence de nos gens. Poussant un grand cri, elle voulut refermer la porte. Trop tard, un P.A. réussit à placer son pied dans l’entrebâillement. Blockx alerté par le cri de sa femme, grimpa quatre à quatre à l’étage. Il ne pouvait penser à fuir par l’arrière car la maison était cernée d’avance. D … et ses deux hommes ne se gênèrent pas. Ils rejoignirent Blockx et le ramenèrent dans son bureau. Le N.S.K.K. demeurait là, tremblant, ne sachant à quel saint se vouer.

FraiteurArnaud

D … prit la parole, s’adressant à Blockx : « Pourquoi vous sauviez-vous ? Nous sommes des auxiliaires de la Gestapo. » La figure de l’emboché s’illumina. Il se croyait quitte. « La Gestapo ! Oh alors » Ouvrant son portefeuille, il se mit à en sortir une collection de documents prouvant sa culpabilité. Impassible, D …. Le regardait faire. La main du partisan serrait plus fort la crosse de son 9 m/m.

Blockx s’étonna du silence :
« Que voulez-vous ?
– Nous voulons savoir où est votre frère.
– Mais je n’ai pas de frère.
– Bien sûr ? »

Le ton était menaçant. Le traître en fut effrayé. Il s’enfonça un peu plus dans sa méprise : « Oui, je suis fils unique et voici tous mes papiers ; ils prouvent bien mon activité. Vous faites erreur, certainement. »

Défense malheureuse puisqu’il était en aveu… Le verdict tomba : 

Berthulot André

« Blockx, nous sommes de la résistance.
– Ah ! »

Le misérable émit un râle sourd. D’un geste instinctif de vaine protection, il porta vivement ses deux mains sur sa poitrine. Il pâlit affreusement tandis que ses yeux se riaient sur le révolver menaçant, inexorable.

« Et vous allez mourir. »

La table séparait les deux hommes, le justicier et le traître condamné.

Quelques coups de révolver claquèrent brisant le silence épouvantable qui avait succédé aux dernières paroles. Quelques balles tirées à travers les doigts d’une main qui s’étalait en cuirasse inutile sur le cœur du lâche.

Raskin Maurice

Suant de peur, le soldat rexiste avait assisté à la scène. Ill leva timidement les yeux vers D … et demanda en tremblant :

« Et moi, puis-je m’en aller ?
Oui, va-t’en, imbécile. »

Il fallait qu’il puisse raconter comment se paie la trahison

Et pour terminer ces quelques pages concernant la contre-propagande, nous évoquons le souvenir de trois braves garçons : Armand Fraiteur, Maurice Raskin, André Berthulot, nobles justiciers. Nous pensons aussi à vous, Xavier, qui avez échappé aux bourreaux.

Vous avez débarrassé le pays d’un Paul Collin. Ce nom en dit plus que tout adjectif, si sévère soit-il. Et pour nous punir de notre soupir de soulagement à l’annonce de l’exécution du traître, c’est vous, camarade, qu’on a frappés. Mais votre mort que l’ennemi voulait infamante, vous grandit.

A nos yeux il n’y a pas de potence mais un autel et votre souvenir, André Berthulot, Maurice Raskin, Armand Fraiteur, il altère nos voix, il fait battre nos cœurs.

Le jugement par les nazis de nos trois patriotes

Pour connaître l’histoire de ces courageux camarades, cliquez sur : « https://www.lesoir.be/art/paul-colin-le-collabo-oublie-l-ete-40-2-5-._t-20100727-010490.html

Laisser un commentaire