Les actions risquées de la Brigade Spéciale.

On a vu les partisans incendier mille tonnes de paille destinée à le Wehrmacht. On les a vus démolir trente-quatre machines aux établissements « La Maison du Caoutchouc » mais les opérations ne se terminaient pas toujours avec le résultat escompté.
Les hommes de la Brigade Spéciale, Omer en tête et montant deux voitures automobiles furent envoyés pour protéger les six hommes d’une autre compagnie chargés de la mission proprement dite.
Les partisans entrèrent dans le magasin, maîtrisèrent la patronne et constatèrent que le patron était absent. Puis ils fermèrent les volets et se mirent à l’œuvre, rassemblant en d’énormes ballots, gants, pantalons, vestons pull-over, … Dehors, la Brigade Spéciale veillait. Les deux voitures s’étaient arrêtées à quelque distance de part et d’autre de la maison.
Omer placé à l’avant d’une puissante Peugeot aperçut tout à coup, un bonhomme vêtu de kaki se diriger vers deux agents de police en conversation avec deux civils au croisement de la rue de Flandre et de la rue de la Clef. Les cinq hommes vinrent sur le champ en direction du magasin. Se rendant compte que les choses tournaient mal, Omer ordonna au chauffeur de faire un crochet et de venir se placer juste en face de la maison « Oxford ». Ils y arrivèrent en même temps que les policiers.
Omer sortit sans arme et s’adressa aux agents : « Ecoutez, nous ne sommes pas des bandits mais des patriotes. Si vous ne voulez pas qu’on vous fasse du mal, retournez là d’où vous venez. »
L’un des civils empoigna le partisan qui se laissa fouiller sans résistance. Au contraire, notre ami souriait : Non, Monsieur, je ne suis pas armé ». Mais aussitôt le P.A. prit un autre ton en se retournant vers la Peugeot : « André ! Le moulin ! »
l’interpellé sortit de l’auto en brandissant une mitraillette allemande. Alors la situation changea. Les policiers s’inclinèrent docilement. Mais les gens s’attroupaient stupidement. Omer s’en inquiéta et ordonna brièvement : « Sachez que nous ne sommes pas des bandits mais des patriotes. Rentrez chez vous. »
A l’intérieur du magasin, les camarades, ignorant ce qui se passait, continuaient leur besogne. Omer sonna mais par mégarde, il appela le 2 -ème étage. Une bonne femme vint ouvrir innocemment et le P.A. entrant par la porte des locataires, avertit les camarades et tous sortirent révolver au poing.
Entre-temps, un homme armé d’une mitraillette avait pris position près de la porte d’entrée. Mais le poste de police-secours, alerté dès le début de l’affaire avait envoyé sur les lieux une quinzaine d’agents. Ceux-ci préférèrent ne pas intervenir et gagnèrent intelligemment une rue voisine.
Les partisans s’embarquèrent en bon ordre. Omer, muni d’une mitraillette, demeura le dernier sur le trottoir pour couvrir la retraite de ses amis. La patronne qu’on n’avait pas pris soin de ligoter lui sauta dessus. Il dut la repousser avec rudesse.
Un officier allemand surgit d’un magasin tout proche mais, à la vue de la mitraillette, il fit prestement demi-tour.
Quand tout le monde fut embarqué, Omer tira en l’air une rafale de mitraillette. Cela eut le don de disperser la foule et de favoriser la retraite du patriote qui rejoignit ses amis dans la Peugeot. La fin se déroula sans histoire . Les partisans n’avaient pu emporter leur butin mais ne devaient-ils pas se féliciter d’avoir sauvé leur peau ? On en conviendra si on jette les yeux sur un plan de la ville. Les audacieux avaient opéré à trois cents mètres de la caserne du Petit-Château où les « Garde Wallonne » tenaient garnison.

A suivre : « Lors de chaque intervention nos partisans risquaient leur vie en témoigne ce qui arriva à Omer »