Faits divers
Après la destruction du pont du Ventaire, les Allemands se rabattirent sur les tramways vicinaux pour assurer leurs transports entre Mons et Charleroi. Les partisans ne purent tolérer longtemps cet état de choses.
Par une nuit claire, on vit D … et ses fidèles P …, E …, R …, R …, M …, A …, I …, et tant d’autres ‘attaquer à la sous-station électrique du Marnier à Fontaine-l’Evêque. Trouvant les portes hermétiquement fermées, on eut recours à R … qui, doué d’une force herculéenne, souleva une dalle de béton pesant plus de cinquante kilos et enfonça une fenêtre.

Les appareils électriques, dynamités avec méthode, furent complétement détruits mais la sous-station d’Anderlues suffisait encore à assurer le service exigé par les Allemands. Il n’en fallait pas plus pour attirer l’attention de nos patriotes.
Au cours de l’expédition qui s’’ensuivit, nos hommes mirent la main sur une encaisse de 24.000 francs, somme qui fut versée intégralement au service assurant la répartition des subsides.
Comme à Fontaine-l’Evêque, tous les appareils sautèrent. Le trafic fut entièrement interrompu sur la ligne 90 jusqu’au jour de la Libération et cela ne fit qu’ajouter un profond désarroi dont l’armée allemande souffrait déjà.
Les hardis partisans dont nous venons de parler effectuèrent, on s’en doute bien d’autres sabotages : destruction des moteurs électriques et des compresseurs au puits n° 3 du charbonnage de Fontaine-l’Evêque, du transport aérien aux charbonnages de Morlanwelz, etc.
Ils débarrassèrent aussi le pays de certains traîtres reconnus dont les agissements coûtèrent la vie à de nombreux patriotes. Qui ne se souvient pas de Blocks, chef de la Jeunesse Légionnaire, exécuté dans sa propre demeure à Landelies, des deux dénonciatrices recevant le juste châtiment en plein jour, dans le tramway entre Forchies et Souvret et du sinistre Paqueux abattu par une belle matinée alors qu’il courait vers d’autres trahisons.
Certains exploits peuvent paraître secondaires. Ils avaient pourtant leur importance et parfois, il fallait une bonne dose de courage pour les accomplir. Ecoutez plutôt …
R …, adjoint au chef de Corps, fut arrêté à Charleroi à une heure assez tardive. L’homme était porteur de papiers tellement compromettants que nul ne se fit d’illusions sur ce qui l’attendait. Les P.A. avaient été rapidement avertis de l’arrestation de leur camarade. Celui-ci n’avait pas franchi les portes de la prison qu’un groupe recevait l’ordre d’évacuer le dépôt installé au domicile du malchanceux.
Deux hommes C … et R … et deux jeunes femmes, Liliane et Micheline, furent chargés de la mission. Nos quatre personnages partirent immédiatement vers J … où R … habitait seul dans une petite maison en contre-bas de la rue. Au pied du talus, un aqueduc s’enfonçait sous la chaussée. C’est là que le matériel se trouvait rassemblé.
Passé minuit, nos gens, profitant du calme absolu, transportèrent à l’intérieur de la maison 3 caisses de munitions, 10 fusils, 3 mitraillettes et divers accessoires. Ils procédèrent ensuite tranquillement à l’emballage de ces articles encombrants. Les mitraillettes furent emballées en dernier lieu car une surprise était toujours à redouter.
Pour tromper le temps en attendant le matin, les hommes s’amusèrent à enseigner aux jeunes filles le maniement des armes automatiques. Et quand vers six heures, les rues commencèrent à s’animer, le hardi quatuor jugea le moment propice au retour. Le matériel fut chargé sur une charrette à bras et recouvert de ferrailles et d’un bric-à-brac inextricable.
R… ouvrit la marche. Liliane et Micheline suivaient à cent mètres. A les voir pousser la charrette, on les aurait prises pour d’authentiques chiffonnières. C … venait ensuite, à bonne distance pour protéger les arrières du singulier convoi.
A 8 heures, une auto montée par la Gestapo s’arrêtait devant la maison de R … Une perquisition systématique mais infructueuse bouleversa l’intérieur et les abords du logis. A peu près à la même heure, les armes et les munitions arrivaient à bon port à Dampremy où on les déposa en lieu sûr. Très simple, n’est-ce pas ?
Prochain épisode : « Une évasion ».