Mutation dramatique

Louis Van Brussel, dit Jean

Frapper, frapper encore ! Les trains, les rails, les usines, tout l’appareil de guerre … Cela nous amène aux sombres jours de la première quinzaine de juillet 1943. Peu de temps avant la rafle meurtrière, dont nous avons déjà parlé, Jean Van Brussel avait été appelé au siège du Commandement national. Suite à la mort du commandant Camille Van Acker tué à Bruxelles, le commandant Amay passait un échelon plus haut et notre ami était désigné pour le remplacer comme adjoint au commandant du secteur Louvain-Anvers-Limbourg.

Au cours d’une première entrevue, Jean n’avait pas accepté l’avancement qui lui était proposé mais le coup terrible que subit l’Etat-Major des P.A. fut la seule raison pour laquelle il accepta la lourde charge. Il aurait tant préféré demeurer à la tête du Corps 034, du Corps des ses partisans, à lui. Mais il décida de rester en contact étroit avec ses amis et à l’occasion, de prendre part à leurs expéditions.

Jusqu’alors, il avait conservé son domicile illégal de K … Vu sa nouvelle mission, il devait changer de résidence mais sa maison regorgeait d’armes et de munitions. Rendez-vous fut donc pris pour évacuer le matériel. Les camarades allaient venir une fois la nuit tombée. Jean avait préparé les armes, emballé les explosifs quand il reçut un billet anonyme l’invitant à fuir au plus tôt car il était sous le coup d’une dénonciation. Fuir ? Et si les camarades tombaient dans un guet-apens ? Le premier arriva sur la fin de l’après-midi. Les deux hommes prirent une grave décision : « Ils ne partiraient pas en laissant leurs camarades à la merci du hasard ». Vêtus de leurs uniformes belges, ils posèrent deux fusils-mitrailleurs sur la table, Deux armes du même type garnirent les fenêtres masquées par les persiennes et quelques grenades à main s’alignèrent le long du mur.

Au fond de la chambre, une caisse de poudre béait. Si les Allemands s’avisaient d’attaquer l’immeuble, ils seraient bien reçus. En désespoir de cause, Van Brussel mettrait le feu aux munitions puis tenterait de se sauver. En tout cas, les camarades seraient avertis, ne fût-ce que par l’effervescence du quartier après quelques rafales de fusils-mitrailleurs.

Heureusement, les choses se passèrent le mieux du monde. Les boches ne vinrent que le lendemain. Le déménagement s’était effectué sans bruit. Les armes se trouvaient en lieu sûr et Van Brussel était déjà établi à Braine-l’Alleud où sa femme vint le rejoindre et l’aider en qualité de secrétaire. Deux femmes au courage admirable assurèrent la liaison entre le nouveau chef de secteur, le Commandant national et les Corps formant le secteur nord-est du pays.

Van Brussel échappa à plusieurs reprises à l’ennemi qui avait suivi ses traces jusque dans le Brabant Wallon. Dommage que nous ne puissions pas décrire toutes ces aventures palpitantes où le hasard, l’audace, la crainte, la volonté se combinèrent, quelques fois, hélas pour tourner au tragique …

Prochain épisode : « La filière ».

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