Armée belge des partisans armés (suite XLII)

Pillage de la Werbestelle

 Une nuit, douze hommes commandés par Van Brussel envahirent les locaux de la Werbestelle gardés par la police. La femme du chef était de la partie et s’appliquait à maintenir les policiers hors du chemin suivi par les P.A. Ceux-ci y allaient de main ferme à l’intérieur des bâtiments. Raflant sans ménagement tous les documents, ils les entassaient pêle-mêle dans des sacs, sortaient un à un, enfourchaient leurs vélos et faisaient la chaîne entre les bureaux et la Dyle où ils déversaient les papiers. Ils vidèrent systématiquement tous les rayons et les classeurs et ne jetèrent pas moins de huit cents kilos de dossiers et de fiches de toutes sortes dans la rivière.

Cela devait causer aux boches un préjudice considérable et retarder sérieusement l’appel des hommes au travail obligatoire.

Cependant, l’affaire qui avait bien débuté se termina de façon dramatique. Revenant de son dernier voyage à la rivière, Van Brussel s’entendit interpeller. Un de ses hommes l’avertissait qu’un autre camarade venait d’être surpris par la police et honteusement malmené. Effectivement, un petit groupe s’agitait à quelque distance. Des policiers faisaient l’inventaire des armes trouvées sur le saboteur arrêté. Van Brussel et son compagnon y allèrent carrément. « Haut les mains ! »

A leur tour les agents se virent en état d’infériorité. Sur l’ordre des partisans, ils s’éloignèrent. Quelques civils qui leur avaient prêté main forte n’avaient pas attendu ce moment pour s’éclipser mais le partisan victime de cette aventure s’aperçut de la disparition de sa carte d’identité (Malgré les ordres de son chef, il était porteur de sa carte authentique).

Lâchant un juron, Jean rappela les agents qui ouvrirent de grands yeux quand on leur réclama les papiers en question.

Non satisfaits de leurs dénégations, les partisans fouillèrent les deux hommes. Fouille infructueuse ! Van Brussel renvoya son camarade imprudent en lui enjoignant de ne pas rentrer à son propre domicile.
Une longue discussion s’engagea ensuite entre partisans et policiers. Les premiers en déduisirent que, seul, un jeune étudiant avait pu s’emparer des papiers de leur camarade. Mais pendant le colloque, d’autres agents s’étaient approchés d’un air bon enfant, trop, bon enfant, sans doute car Jean avertit son compagnon : « Attention ! » En un clin d’œil, les deux partisans furent cernés et l’ordre retentit : « Haut les mains ! » Dix révolvers étaient braqués sur nos hommes. Jean leva les bras mais avertit les assaillants : « J’ai une grenade en main. Malheur à qui ferait un geste ! »

Indécis, les agents demeuraient à distance. Alors le P.A. paya d’audace : « Nous ne sommes pas des bandits mais de bons patriotes, dit-il. En voici la preuve. » Il rempocha immédiatement grenade et révolver. Son compagnon fit de même. Les policiers profitèrent de cette trêve pour se jeter bravement sur les P.A. qui se laissèrent désarmer et emmener au poste. Là, les patriotes se confièrent franchement aux agents et leur prouvèrent qu’ils auraient pu s’échapper facilement. Ils n’en avaient rien fait parce qu’il leur répugnait de verser le sange de compatriotes.

Perplexes, les agents téléphonèrent au commissaire en chef lequel refusa de prendre position dans une affaire si délicate.

Mais Van Brussel avertit railleusement les policiers que des douzaines de partisans circulaient en ville, attendant sans doute d’être fixés sur le sort de leurs camarades. En désespoir de cause, on fit appel au substitut du procureur du Roi, un brave homme nommé Van Orole qui arriva sur place quelques minutes plus tard. Van Orole prit la responsabilité de l’affaire et fit remettre les deux patriotes en libertés

Lui-même devait passer aux P. A. quelques mois plus tard. Hélas, arrêté par les Boches et déporté en Allemagne, il y fut décapité à la hache !

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