Armée belge des partisans armés (suite XXXV)

Contact avec les partisans liégeois

Raoul Baligand

Baligand séjourna pendant un mois à Bruxelles. C’est-à-dire jusqu’au jour où les choses reprirent leur cours normal. Spécialiste de l’organisation et surtout du regroupement des unités dispersées, il fut ensuite dépêché à Liège. Il s’agissait d’y mettre au point un système d’attaque englobant les deux provinces voisines : Liège et le Luxembourg.

Malheureusement le commandant du groupe opérant dans la Cité ardente fut arrêté au moment où Baligand se mettait en route pour le rencontrer et on ne put avertir à temps notre ami de cette nouvelle adversité. La première entrevue devait avoir lieu proximité du cimetière de Robertmont et c’est d’un air guilleret que Baligand sortit du trolleybus à l’arrêt le plus proche de l’endroit convenu.

Habitude ? Manie de suspecter tout et tout ? Le partisan, d’un regard inquisiteur enveloppa les alentours Son œil exercé eut tôt fait de constater quelque chose, un petit rien qu’un homme moins averti n’eut même pas remarqué. A un coin de rues, trois individus, mains dans les poches, bavardaient le plus innocemment du monde, semble-t-il. Mais Baligand avait remarqué qu’une préoccupation sérieuse le tenait en haleine. « Tiens, tiens, bizarre, justement au point où je débarque ».

Soupçonneux à l’extrême, depuis les pénibles aventures que nous avons relatées, le patriote ne s’effraya pas quand même pas et c’est d’un pas plein d’assurance qu’il s’engagea dans la rue. Nom d’un chien, de l’autre côté, cent mètres plus loin, encore deux hommes ! Ce n’était pas le moment d’hésiter ; pourtant notre ami appréhendait le pire. La trahison avait-elle fait ses ravages dans le pays de Liège ?

Se maîtrisant, simulant la plus entière indifférence, Baligand dépassa le premier groupe…, puis le second… Dix pas … vingt pas… Cette fois, pensa le patriote s’ils veulent s’approcher, je cours le grand jeu et je suis sûr de les battre en vitesse.

Hélas, il s’aperçut bien vite de la fragilité de ses illusions. Là, trois nouveaux factionnaires. Car c’étaient bien des factionnaires qui venaient de tourner imperceptiblement la tête de son côté. Et plus loin, d’autres silhouettes se dessinaient. « Cette fois, je suis pris, se dit amèrement notre ami ». Il se tint prêt pour la grande aventure.

C’est alors qu’il vit venir à sa rencontre une femme qu’il connaissait comme une ardente partisane et qui était accompagnée d’un inconnu. Prudemment, Baligand passa son chemin en feignant d’ignorer complétement le couple car il venait d’envisager la possibilité d’un piège dont la femme serait l’appât. Peut-être, les boches l’avaient-ils arrêtée pour l’accompagner ensuite en la tenant sous les plus terribles menaces.

Mais la partisane aborda franchement Baligand et lui présenta son compagnon : « L …, commandant en second. Il remplace le chef qu’une malencontreuse affaire a jeté dans les griffes de la Gestapo. » Baligand en demeura bouche bée. Tout s’expliqua.

Après l’arrestation du commandant, l’adjoint qui avait connaissance du rendez-vous, décida de prendre la place de son chef. Mais ce dernier, peut-être vaincu par la torture pouvait avoir parlé… En conséquence, L … avait jugé bon de s’entourer de toutes les précautions.

Il savait que le visiteur attendu représentait un rouage important de l’organisation et que les nazis pouvaient avoir établi une souricière. Aussi avait-il voulu assurer la sécurité de son hôte de marque. C’est pourquoi, il avait réuni une poignée de ses partisans, dix-huit, au total et les avait échelonnés sur le parcours que devait suivre Baligand pour se rendre au lieu fixé par le commandant malchanceux. En somme, l’affaire qui avait débuté par un serrement de cœur se termina le mieux du monde dans la promesse d’une collaboration amicale et fructueuse. Mais Baligand devait se souvenir longtemps de cette prise de contact avec les partisans liégeois.

A suivre : « Dans la région liégeoise ».

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