L’armée belge des partisans armés (suite VIII)

Notre épisode précédent : « Un premier sabotage de pylône électrique enfin réussi. »

À Bruxelles, V… tombait d’accord avec Jean Roch, un résistant de la première heure, dont le groupe était déjà en liaison avec Londres. Cela valut au groupe de Charleroi l’aubaine de recevoir sa part de matériel parachuté. À cette époque, il s’agissait surtout d’explosifs. Cette nouvelle source promettait un approvisionnement d’importance. Il était donc nécessaire, urgent même, de disposer de cachettes sûres. L’oncle de Baligand, fossoyeur au cimetière de Roux, offrit ses services aux dévoués Partisans pour les aider à installer leur dépôt parmi les monuments funéraires. Endroit de toute sécurité, car nul témoin n’était à redouter, la nuit, dans le site macabre !

Une tâche urgente également était de procurer le logement aux recrues venant de l’extérieur et comptant spécialement des hommes traqués, ayant déjà eu maille à partir avec l’occupant.

 La chose ne s’avérait pas toujours facile. Nombre de gens se plaignant de tout et de rien, critiquant ceci, préconisant cela, souhaitaient la fin de la guerre et trouvaient que les opérations traînaient en longueur. À les entendre, il eut fallu se révolter, faire ci ou ça ; et on aurait pu croire les disposés à affronter une compagnie d’Allemands. Le moment venu, quand on sollicitait leur concours, ils se retranchaient derrière des excuses cachant mal leur mesquinerie, leur peur déraisonnée !

Heureusement, il y avait les braves gens. Telle cette femme vivant seule et qui, par sa profession, avait ses entrées chez quelques-uns de ces patriotes de salons. On lui demanda un jour si elle ne connaissait pas, parmi ses patrons occasionnels, quelqu’un capable d’héberger un illégal. L’offre vient spontanément : « Qu’il vienne chez moi ! »

Admirant le dévouement de la vaillante journalière, l’homme ne manque pas de la mettre en garde : « Savez-vous ce que vous risquez ? En cas d’arrestation, le résistant serait irrémédiablement condamné à mort, et le même sort attendrait probablement la personne qui l’aurait accueilli. »

Une seconde de réflexion, puis l’invitation fut répétée, ferme, décisive : « Qu’il vienne chez moi ! L’illégal, Legrand, de son nom de guerre, fut pendant neuf mois l’hôte de cette ménagère patriote.

Il fallait aussi se procurer les timbres de rationnement nécessaires à la subsistance de cette armée de lors la loi, vivant sous fausses identités et sans domicile déclaré. Et ce n’était pas tout ! Rien, ne s’obtenait sans argent ! Il fallait donc avoir recours à de dévoués donateurs. Hélas, là non plus les ressources n’abondaient pas. Souvent, les solliciteurs revenaient bredouilles, la rage au cœur et serrant les dents. Nous verrons plus loin à quelles opérations dangereuses les patriotes furent contraints pour sauver la situation.

A suivre

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