
Fake news: fausse information, information trompeuse.
Le 17 mai, Facebook a annoncé s’être allié à l’Atlantic Council pour lutter contre la désinformation.
Ce partenariat se déroulera en deux volets : premièrement, son groupe d’experts numériques « travaillera étroitement » avec les équipes du réseau social pour « donner des aperçus en temps réel et à jour des menaces émergentes et des campagnes de désinformation ». Deuxièmement, l’Atlantic Council aidera Facebook pendant « les élections et d’autres moments très sensibles » afin de contrôler «la désinformation et les ingérences étrangères ». L’Atlantic Council est un think tank qui « promeut un leadership et un engagement constructifs en se basant sur le rôle central de la communauté atlantique dans la réponse à apporter aux défis mondiaux ». Il a été fondé en 1961 par d’anciens secrétaires d’Etat américains, qui ont décidé de rassembler plusieurs groupes citoyens américains soutenant l’alliance atlantique, donc l’Otan.
Est-il financé par l’Otan et les Etats-Unis ?
L’Atlantic Council se présente comme une « organisation non partisane qui génère des idées et encourage les débats sur les problèmes auxquels est confrontée la communauté atlantique ». Contacté par Check News, il affirme être « indépendant ». Pour « assurer la crédibilité et l’intégrité » de l’organisation, celle-ci s’appuie sur des financements extérieurs. Dans la liste des grands donateurs en 2016, on retrouve des entreprises (Engie, Airbus ou HSBC) mais aussi des Etats (les Emirats arabes unis font partie des trois premiers donateurs, qui ont versé plus d’un million de dollars), notamment des pays membres de l’Otan (la Norvège, le Royaume-Uni ou encore les Etats-Unis…)
Plusieurs institutions américaines font partie des contributeurs. Le bureau de représentation des Etats-Unis a ainsi donné entre 100 000 et 250 000 dollars, tout comme le secrétariat d’Etat. La Chambre de commerce américaine, l’armée de l’air, l’armée de terre et le corps des marines des Etats-Unis ont chacun donné entre 25 000 et 50 000 dollars. Vous vous interrogez sur les liens entre l’Atlantic Council et l’Otan. L’Organisation fait en effet partie des principaux donateurs ayant versé entre 250 000 et un million de dollars au think tank. Précisons ensuite que la lutte contre la désinformation est l’une des stratégies mises en avant par Facebook ces derniers mois pour redorer son image, notamment après le scandale Cambridge Analytica (le réseau est accusé d’avoir laissé l’entreprise aspirer des données de millions d’utilisateurs pour les utiliser ensuite pendant la campagne américaine et du Brexit) et l’élection de Donald Trump, après laquelle Facebook a été accusé d’avoir laissé se propager de nombreuses fake news. Un autre volet de cette stratégie consiste aussi à rémunérer des médias (dont Libération en France) pour traquer les fake news sur le réseau social.
Pauline Moullot, Extrait de Libération