Interview de Freddy Bouchez : « Migrants et délinquants » (suite et fin)

imagesCette chasse aux sans-papiers fait écho à la traque des plus précaires, chômeurs et allocataires sociaux. A y regarder de plus près, on a l’impression que ça pèse sur les salaires et les conditions de travail des prolétaires ayant encore un boulot. Et à travers les sans-papiers, on tente de criminaliser les mouvements sociaux et les éventuelles ripostes des travailleurs…

En fait, les gens doivent comprendre que les partis au gouvernement qui prennent des mesures contre les personnes migrantes ne sont pas leurs amis pour autant. Théo Francken, le secrétaire d’état à l’asile et à la migration du gouvernement Michel est particulièrement anti-migrants. Mais en même temps, il est membre d’un gouvernement qui applique une austérité sévère détruisant la Sécurité Sociale et notamment dans celle-ci, les droits aux allocations de chômage et à la pension. Les droits des personnes malades sont aussi passés à la moulinette. Nous sommes face à un gouvernement très dur avec les migrants mais ce n’est pas pour autant que la vie de tous les autres s’améliore. La politique migratoire très répressive menée par Théo Francken et avant lui par Maggie De Block (dans le gouvernement précédent) a fait diminuer fortement le nombre de demandeurs d’asile dans notre pays. En parallèle à cette politique qui vise à accueillir le moins possible de migrants, les attaques contre les droits des personnes les plus fragiles se poursuivent :

Ce gouvernement a appliqué la mesure de limitation dans le temps des allocations de chômage d’insertion qui a provoqué, depuis le 1er janvier 2015, l’exclusion de dizaine de milliers de personnes. Elles ont dû faire appel à l’aide des centres publics d’action sociale (CPAS) Certain-e-s exclu-e-s, particulièrement des femmes, cohabitant-e-s, n’ont pas même eu droit à cette aide et ont perdu tout revenu personnel. Il a supprimé, pour les jeunes qui sortent de l’école à partir de 25 ans, la possibilité d’accéder à des allocations de chômage d’insertion. Il a rétabli la possibilité de visites au domicile des chômeuses et chômeurs pour autant qu’il y ait l’autorisation d’un juge… Il voudrait faire travailler les chômeuses et chômeurs de longue durée (2 ans de chômage) pour rien, …

Les centres publics d’action sociale ont subi de nouvelles réformes :

  • généralisation du projet individualisé d’intégration sociale (contrat) à tous les bénéficiaires du revenu d’intégration dans lequel ceux-ci doivent s’engager à des démarches particulières sous peine de subir des sanctions qui peuvent aller jusqu’à trois mois de suspension
  • Possibilité pour les CPAS de mettre sur pied des services communautaires, c’est-à-dire de faire travailler pour rien des bénéficiaires de l’aide sociale
  • Organisation d’une soi-disant chasse à la fraude sociale par l’organisation de visites domiciliaires, en tout temps, sans prévenir les personnes pour vérifier leur composition familiale.

IMG_0329-330x220Ces mesures sont de véritables intrusions dans la vie privée des gens. Les CPAS peuvent pratiquer ces visites quand ils le veulent et il n’y a pas de balises particulières pour empêcher les abus et les atteintes à la vie privée.

Les travailleurs malades de longue durée doivent, quant à eux, entrer dans un parcours de réinsertion au travail. Il s’agit là de leur faire signer une convention. Si celle-ci n’est pas respectée, sanction de 5 à 10% sur le montant des allocations de mutuelle.

Et on pourrait ajouter tout ce qui touche et a touché les travailleurs victimes de licenciements comme le fait que les prépensions sont supprimées pour être remplacées par un système de chômage avec complément de l’employeur qui oblige à demeurer disponible sur le marché du travail sous peine de subir une sanction financière. C’est aussi le gouvernement de Charles Michel et de Théo Francken qui a décidé de porter l’âge de la pension à 67 ans au lieu de 65 ans. Et c’est encore ce même gouvernement anti-migrants et antisocial qui continue à démanteler et à privatiser l’ensemble de nos services publics.

Enfin, s’il y a criminalisation des migrants, il y a également criminalisation des travailleurs qui se rebiffent : le droit de grève est attaqué et le service minimum a été imposé à la SNCB (société nationale des chemins de fer) Non, vraiment, Théo Francken et Charles Michel ne sont ni les amis des migrants, ni ceux de l’ensemble de la population. Tout le monde trinque et Belges et étrangers, avec et sans emploi, avec et sans papiers, nous devons nous unir pour défendre nos droits.

Freddy Bouchez

 

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