Retrouver le chemin d’un syndicalisme offensif (suite 2)…

Les+syndicats+en+BelgiqueIngrédient n°2 : La loi de la rue pèse beaucoup plus que la Rue de la Loi

L’idée que la lutte paie est essentielle. Les conquêtes sociales et les concessions acquises par le monde du travail n’ont pas été obtenues en premier lieu par la concertation sociale ou par une majorité parlementaire, mais bien par le rapport de force, par la crainte que représente la mobilisation sociale. Les organismes mêmes de concertation sociale ont été le produit de l’établissement d’un rapport de force.

La force du mouvement syndical se situe dans :

1/ sa grandeur. Les organisations syndicales encadrent un très grand nombre de travailleurs. Plus de 3 000 000 de membres en Belgique !

2/ son organisation. Les organisations syndicales sont présentes dans tout le pays, dans les entreprises… Quoi qu’on en dise, elles font partie des organisations de base les mieux organisées du pays.

3/ la position qu’il occupe dans la chaîne de production. Ce sont les travailleurs qui produisent les biens et les services. Sans eux, la société ne fonctionne plus.

Grandeur, organisation et position stratégique dans la production, voilà où réside la force du mouvement syndical. Chaque fois qu’il a pu mettre en mouvement les trois éléments de cette force, il a pu arracher de nombreuses conquêtes sociales.

Sécurité sociale, suffrage universel, limitation de la journée et de la semaine de travail, congés payés, assurance chômage, pensions, enseignement gratuit… Chacune de ces conquêtes a été avant tout le fruit d’un rapport de force social qui s’est ensuite traduit dans les organismes de concertation sociale ou au Parlement. Pas l’inverse.

Cela vaut non seulement pour les grands combats, mais aussi pour les conflits locaux, les conflits d’entreprise. Le retour d’un syndicalisme offensif passera par la capacité à réorganiser, à petite et à grande échelle, la mobilisation des travailleurs. Cela doit donc se traduire aussi dans le temps et l’énergie consacrés à cette mobilisation : assemblée du personnel, sensibilisation, information, formation, mobilisation pour des cahiers de revendications claires… Il s’agit là d’investissement très précieux, qui place les affiliés, les militants et les délégués au centre de l’activité syndicale. Bien plus que toute réunion interminable loin des travailleurs.

Paul Lootens

A suivre

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