LE MOUVEMENT COOPÉRATIF, HISTOIRE, QUESTIONS ET RENOUVEAU

Le Crisp (Centre de Recherches d’Informations Socio-Politique) consacre une brochure dédiée aux coopératives, qu’elle présente de la sorte :

Après une longue période de déclin dans la seconde moitié du XXe siècle, le mouvement coopératif connaît actuellement une nouvelle vigueur. De multiples initiatives coopératives voient le jour et se développent, participant à un véritable mouvement de fond. Ce retour du modèle coopératif est notamment le fait d’activités ressortissant de l’« économie sociale » (ou « secteur privé non lucratif »). Ces structures visent à produire des biens ou services en poursuivant une finalité d’utilité collective, en accordant la primauté à l’humain sur le capital, et en faisant le choix d’une lucrativité limitée. En Belgique francophone, il s’agit surtout d’initiatives liées à la production et à la consommation d’aliments. Cette recherche d’alternatives au modèle capitaliste prédominant a, derrière elle, une histoire déjà longue. En Belgique, les coopératives sont apparues dans le dernier quart du XIXe siècle, ont connu leur apogée dans l’entre-deux-guerres, et ont été des acteurs économiques de poids jusqu’au début des années 1980. Les initiatives coopératives actuelles s’inscrivent dans la lignée des coopératives historiques, et en particulier de celles qui étaient liées au mouvement socialiste. Au-delà de leur objet premier, ces coopératives socialistes portaient en effet un projet global de changement de la société.

Il est frappant de constater combien les débats, parfois vifs, qui traversent les initiatives coopératives d’aujourd’hui trouvent un écho direct dans les questionnements auxquels ont été confrontées les coopératives d’hier. Comment assurer une alimentation de qualité à un prix accessible ? Comment toucher réellement les classes populaires et non uniquement les classes plus favorisées ? Comment assurer un fonctionnement interne démocratique ? Quels rapports entretenir avec les producteurs et avec les consommateurs ? Etc. L’histoire éclaire ici le présent d’une façon tout spécialement riche et interpellante.

La brochure remonte aux origines du mouvement coopératif. L’idée germe parmi des penseurs dès 1840. En 1844, 28 tisserands de Rochdale en Angleterre, une ville industrielle en pleine essor économique composée essentiellement d’usines textiles turbinant à plein rendement. Les ouvriers eux vivent dans des conditions sociales difficiles voire misérables et dépendent du patronat pour subvenir à leurs besoins. Après des débuts chaotiques fondent la première coopérative « Les équitables pionniers de Rochdale ».   Elle ouvre son premier magasin d’alimentation. Mais cependant, la société croît rapidement et compte 390 membres en 1849. La fondation coopérative s’accompagne également d’une éducation à la consommation coopérative. Rapidement, elle construit des logements à loyer avantageux pour les ouvriers en situation précaire et fonde une caisse d’entraide… C’est cette coopérative anglaise qui encourage le POB à mettre également en place un vaste mouvement coopératif…

Jusque-là, le monde catholique s’appuyait sur des œuvres caritatives pour venir en aide aux plus démunis du monde ouvrier. Le 15 mai 1891, le pape Léon XIII, publie l’encyclique  Rerum Novarum (les choses nouvelles) et il faut attendre 1897 pour que des intellectuels chrétiens se penchent sur la faisabilité de coopératives d’obédience catholique mais c’est seulement en 1910 que sera créée la première coopérative face aux ouailles qui après avoir fréquenté le Vooruit à Gand partent en masse au POB. Cette première coopérative chrétienne, le Boerenbond s’établira à Hasselt pour concurrencer le Vooruit…

Vers les années 1970- 1980, l’individualisme forcené et le début de la mondialisation met un terme à la formidable aventure des coopératives socialistes en Belgique.

Cependant, aujourd’hui, soutenu par la mutualité socialiste Solidaris et la Fédération liégeoise du PS, Marc Goblet, président de la FGTB Liège-Huy-Waremme, a l’ambition, via l’ASBL les Travailleurs Réunis qu’il préside également, de relancer, en plus des Maisons du Peuple, les Magasins du Peuple. Ceci dans le but de faire face aux ravages causés par la crise économique et l’exclusion des plus faibles par la société de consommation et ainsi de rétablir un peu plus de justice et d’égalité. C’est aussi et toujours l’objectif de la Febecoop (Fédération belge de l’économie sociale et coopérative) et de diverses organisations coopératives régionales, européennes et internationales…

Freddy Guidé

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