Les salaires

Pour commencer en 1936, j’ai connu le travail à la courte chaîne à Jumet Hamendes au charbonnage du Mambourg. Il y avait 24 ouvriers dans la taille et chaque ouvrier avait un salaire différent. Je me suis toujours souvenu d’un homme prénommé Pierre de Heppignies qui avait le plus fort salaire des ouvriers. Il gagnait 50 francs par jour.

À la fin du travail, tous les ouvriers se mettaient sur le côté et ils criaient : « Laissez passer Monsieur 50 francs. » Les autres ouvriers avaient entre 40 et 45 francs par jour. Moi, à 14 ans, je gagnais 17 francs par jour, mon frère âgé de 16 ans en gagnait 20. À Mariemont Bascoup comme à l’Amercoeur, on ne regardait pas à l’âge. Là, on était payé selon le travail que l’on faisait. À Béringen, en Campine, les ouvriers à veine travaillaient à la courte chaîne. À Mariemont Bascoup, le travail était à la longue chaîne comme je l’ai aussi connu à l’Amercoeur à Gohissart.

À la longue chaîne, la longueur de la taille plus la largeur de charbon abattu est divisée par le nombre d’ouvriers et ils recevaient le même salaire. Je crois que ce mode de paiement était le plus humain car les faibles comme les forts avalent droit à la vie. Les plus forts faisaient parfois, même souvent, un peu d’abattage pour leurs camarades et toujours, en fin de pause, ils aidaient leurs voisins à boiser

Le porion pouvait aussi donner un petit coup de main à abattre à ceux qui se trouvaient là surtout aux endroits où il faisait plus petit à cause d’une étreinte de toit ou quand le toit était fiable et qu’il fallait fagoter

Pour les ouvriers à veine et comme je l’ai dit plus haut, en juin 1954, je suis retourné au poste de nuit. Là c’est l’entretien, ce sont des ouvriers coupeurs de voie et de fausse voie, la voie de niveau pour le transport du charbon et la voie du tierme pour le transport de la boiserie. Mais aussi principalement pour le retour d’air.

Les fausses voies ne servaient que pour avoir la terre pour remblayer donc pour consolider la taille. Il arrivait aussi qu’il fallait doubler le boisage à cause de la pression des terrains et à ce poste, j’ai aidé deux hommes à devenir porion, un ajusteur François Embise et un boutefeu Léon Leroy. Ils sont devenus de bons porions et même chef porion comme François Embise.

J’ajoute une photocopie des noms des ouvriers à veine et leurs métrages abattus ainsi que leur salaire en 1954 mais aussi en 1946.

Je vous ai donc expliqué les salaires et le travail des ouvriers à veines. Je pourrais aussi vous dire quelques mots sur les coupeurs de voies et de fausses voies.

Il y avait la voie de niveau de la taille 16 et la voie du tierme 016. En fin 1949, les salaires des coupeurs de bois étaient de 295 à 305 francs par jour. À la voie de niveau, les terres étaient évacuées par chariots et l’ouvrier touchat 25 francs de prime à chaque cadre de doublage qu’il plaçait pour renforcer la galerie. Par contre au 016, les terres de la voie étaient jetées dans la taille pour remblayer.

Dans les fausses voies, les ouvriers travaillaient avec 5 cadres. Chaque jour, on prenait le dernier cadre pour le placer à l’avant. Ces fausses voies servaient pour avoir la terre pour remblayer. De cette façon, les tailles étaient bien consolidées et on n’avait pas de pertes d’air. Ainsi les fronts de taille étaient toujours bien aérés.

A suivre

Jean, le mineur

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