
Passage au macroscope
De nos jours, les mesures de restructuration qui frappent durement le groupe VAG sont justifiées par l’état des ventes en Chine et la hausse des prix des produits énergétiques, une donnée particulièrement sensible en Allemagne depuis la guerre en Ukraine, vu la dépendance du pays aux importations de gaz russe.
Certes, la baisse des ventes en Chine constitue une mauvaise nouvelle pour le groupe allemand. Jusqu’à présent, le groupe VAG réalisait 30% de ses ventes en Chine continentale. Il s’agit du marché principal de VAG. Depuis un an et le passage à marche forcée du parc automobile chinois à la motorisation électrique, Volkswagen a connu une baisse spectaculaire de ses ventes en Chine (-15%). Il est vrai que les constructeurs allemands sont à la traîne en ce qui concerne le passage à l’électrique, spécialement en ce qui concerne la production de véhicules d’entrée de gamme en phase avec le pouvoir d’achat des catégories populaires. Or, l’Etat chinois a subsidié ce segment du marché automobile en aidant massivement ses marques nationales. Ce choix a permis aux marques chinoises de proposer des voitures électriques à moindre prix. De surcroît, du côté de la demande intérieure, Pékin a adopté une fiscalité réduite pour la filière des voitures électriques.
Au fil du temps, VW a été remplacé en tant que marque automobile de référence en Chine par le constructeur chinois de véhicules électriques BYD . L’opportunité manquée est réelle. Il fallait impérativement passer à l’électrique pour garder la confiance des consommateurs chinois. Le taux d’adoption des véhicules électriques en Chine a atteint 53,9 % en août de cette année alors que le doublement des subventions en juillet a contribué à convaincre davantage d’acheteurs locaux d’adopter ce type de voitures .
Sur les dix premiers mois de 2024, le bénéfice avant impôts de VAG a diminué de 60% . Pour le bénéfice net, les données comptables sont encore plus sombres puisqu’elles correspondent à une chute de 63,7%. C’est sur la base des ces chiffres que la direction du groupe met la pression pour une nouvelle restructuration. Cette dernière pourrait entraîner la fermeture de trois sites de production en Allemagne, une première depuis la naissance du groupe en 1937. Des pourparlers sont en cours avec les syndicats allemands envisageant notamment une réduction de 10% des salaires des employés et un gel des salaires pendant deux ans . Si cette mesure voit le jour, il en résultera des économies de l’ordre de 800 millions d’euros par an, c’est-à-dire plus que ce que rapporterait la fermeture des 3 sites allemands.
On retrouve ici encore l’élément mis en avant lors de la restructuration de 2007, à savoir la baisse du salaire horaire. Imaginons à présent que Volkswagen ne réalise pas de grande restructuration pour combler ces résultats décevants. Que pourrait-il se passer ? L’année dernière, le taux de profit de l’entreprise s’élevait à 9,5% . En l’absence de mesures, le taux de profit passait à 3,42% sans autre forme de procès, soit le niveau moyen des années 1994 à 1996, période, certes, de grande morosité de l’économie mondiale mais pour lesquelles on ne signale pas de restructuration au sein de VAG .
A suivre
Xavier Dupret, économiste ACJJ