FASSOTTE Georges   

Ouvrier d’usine, cabaretier, communiste. Né à Chaudfontaine le 19 août 1870 , décédé à  Forêt (Trooz) le 23 décembre 1955.


 Fils d’un garde des chemins de fer et d’une mère au foyer, il épouse, en 1895, Marie Blavier une ouvrière qui partage les engagements de son mari.  Il contribue à la création des organisations du POB à Forêt et est un des membres fondateurs du PCB en 1921.  Entré dans la vie professionnelle à 12 ans, il  travaille dans diverses petites entreprises puis entre au service de la Métallurgique de Prayon qui produit du zinc et d’autres non-ferreux. Depuis 1904, il possède à La Brouck -un hameau de Forêt situé derrière l’usine de la Métallurgique de Prayon- une maison avec un jardin, il achète ensuite des prés.  En 1913, il est victime d’un empoisonnement consécutif à son métier. Il ne peut plus l’exercer. Le couple va alors vivre d’une petite exploitation agricole avec quelque vaches, cochons et basse-cour et d’un café qui sert aussi de boutique. En 1937, une grave pollution atmosphérique qui rappelle l’affaire des brouillards empoisonné d’Engis en 1930, frappe la vallée de la Vesdre.  A l’époque, la province de Liège est dirigée  par une  députation permanente socialiste et communiste qui ordonne une enquête.  L’ingénieur expert mandaté par le gouverneur conclut que la Métallurgique fait ce qu’elle peut pour limiter la pollution, que le nuage provenait bien de la production de cadmium, mais que sa toxicité était due à un brouillard exceptionnellement dense. Pour sa part Georges Fassotte fait constater par vétérinaire la mort de sa vache et accuse la Métallurgique de l’avoir empoisonnée ainsi que son pré et son jardin. La Métallurgique essaye de calmer ce gênant voisin en lui proposant l’achat de ses biens en rente viagère. ce que Georges Fassotte refuse radicalement.  

A la suite de l’arrivée au pouvoir de Hitler, des militants communistes allemands se réfugient en Belgique. Le couple Fassotte-Blavier en accueille dans leur maison. Bien plus tard, en 1963, Marie Blavier reçoit une lettre de remerciement du Comité des Résistants allemands antifascistes de RDA (République démocratique allemande), transmise par l’intermédiaire du PCB. Comme bien d’autres communistes, le 22 juin 1941, Georges Fassotte est arrêté à son domicile par la police allemande accompagnée d’un gendarme belge de la localité. Il est enfermé à la Citadelle de Huy en compagnie de Julien Lahaut, Jean Terfve et Paul Renotte. Il est libéré en août  par le commandant de  la place mais surveillé de près par la police allemande.

Le couple avait pratiquement adopté une jeune Autrichienne, décédée prématurément.  Sans enfants mais avec l’accord de leur neveu et de la  nièce qu’ils avaient recueillie et élevée, Georges F assotte et Marie Blavier  décident de donner leur bien à leur parti, avec interdiction absolue de le vendre à la Métallurgique. Marie Blavier résidera jusqu’à son décès dans la maison devenue le Home Fassotte. Comme le PCB n’a pas de personnalité juridique, il crée une association sans but lucratif (ASBL) pour recevoir la donation, le 13 octobre 1955. Elle porte le nom de Home Fassotte-Blavier, pendant plus de 50 ans, la vaste maison fera office de maison du peuple communiste, abritant un café-restaurant, d’innombrables réunions politiques, une permanence sociale, un club de pensionnés, des expositions et un cabaret de chanson française. En 1986 à l’occasion de l’éphémère rétablissement de relations entre le PCB et le Parti Communiste chinois interrompues depuis 1963, un membre du bureau politique du PCC, premier secrétaire du Tibet, y fait une conférence-débat devant les membres du PCB. Le café sera confié pendant des années à une gérante espagnole. En effet, de nombreux immigrés espagnols ont  trouvé du travail dans l’industrie insalubre du non-ferreux et se sont installés à La Brouck et constituent une clientèle fidèle. Le Home accueille aussi les réunions de Vivre Autrement puis d’ECOVA, une organisation locale réunissant communistes, divers progressistes, chrétiens de gauche et écologistes qui obtient des élus au conseil communal de Trooz. Mais ses activités culturelles déclinent. La maison est reprise par une société héritière du PCB qui la met en location. L’ASBL est dissoute fin 2020. Le Cabaret Fassotte poursuit ses activités dans d’autres lieux.

Georges Fassotte avait souhaité être incinéré. Ce qui était très rare à cette époque et impliquait un déplacement à Uccle. Pour ses funérailles, les communistes organisent un cortège qui accompagne le corbillard jusqu’à la limite de la commune.

SOURCES

CArCoB, Fonds Home Fassotte-Blavier – CArCoB, Fonds André Dombard – souvenirs personnels de Jules Pirlot- Maîtron en ligne, notice Dombard André – De Georges Fassotte et Marie Blavier à nos jours… Cercle culturel Georges Fassotte, locale de L’Association Culturelle Joseph Jacquemotte, mouvement d’éducation permanente et de promotion socio-culturelle des travailleurs. Trooz, 1995.

par Jules Pirlot

Extrait de Le Maitron

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