Après Jean Lagneau, Wilchar, mes réflexions



Avant de conclure, permettez-moi d’émettre quelques réflexions sur la notion de liberté et les interrogations que cela pose aujourd’hui à l’homme qui s’était engagé politiquement pour tenter de faire évoluer le monde positivement.

Qu’en est-il de cette liberté inscrite en lettres majuscules dans la Déclaration des Droits de l’Homme ? Il me semble que ce vocable, comme bien d’autres que nous partageons sont galvaudés, vidés de leur contenu. En effet, la liberté n’est pas seule, elle est l’aboutissement de valeurs nobles comme solidarité, justice et démocratie. La liberté, au cours des siècles fut réclamée, revendiquée, exigée, conquise, défendue l’arme à la main, par la création d’organisations sociales et politiques, par la grève ou encore par ceux qui ,au travers des temps, ont exigé l’application totale des droits du citoyen et de l’homme que ce soient les révolutionnaires du XVIII ème siècle, le prolétariat du 19 ème, les adeptes de Marx et du socialisme et d’autres philosophes, les soviets de 1917, les antifascistes, croyants ou incroyants.

La liberté est aussi l’idéal, la volonté d’absolu de tous ceux qui ont le cœur à gauche.

Toutefois, depuis 1945, il me semble que la liberté, les libertés que nous, que notre génération, ont conquises, ont été volées, reconquises, canalisées, limitées, entravées par les tenants d’un capitalisme de plus en plus tout puissant, méprisant les valeurs humaines car désormais, unique mode d’organisation économique de notre société.

Les régimes socialistes ont vécu. La sociale démocratie est en crise profonde. Les Reagan, Thatcher d’abord, Bush père, hier, Bush fils, mais aussi les Blair et tous les autres, partisans du tout à la libre entreprise, libre entreprise de créer ou d’asservir, mélangeant allègrement liberté et libéralisme, avec comme aboutissement le capitalisme sauvage.

Existe-t-il des libertés pour tous les laisser pour-compte, de tous ceux qui ont perdu leur emploi sur l’autel de la rentabilité ?

Existe-t-il des libertés pour tous ceux qu’on appelle pudiquement les nouveaux pauvres, sans travail, sans logis, paumés, quarts-mondistes ?

Existe-t-il encore des libertés quand on s’attaque aux droits fondamentaux de l’homme comme la liberté d’association ? ?

Existe-t-il des libertés lorsqu’on est bronzé, clandestin, travailleur immigré soumis aux passeurs d’hommes et négriers de toutes sortes ?

Existe-t-il des libertés pour ces femmes dont des mafieux achètent et vendent les corps ?

Est-ce accorder des libertés lorsqu’on permet à des mouvements populistes, d’extrême droite ou carrément fascistes d’avoir pignon sur rue et de distiller leurs théories d’exclusions.

Existe-t-il des libertés lorsqu’on permet la privatisation des médias et lorsque des gens comme Berlusconi contrôlent la quasi entièreté de la presse de leur pays, en dénaturant l’information, en abêtissant les consommateurs d’images ?

Existe-t-il des libertés lorsque certains tirent profit de l’industrie d’armement et organisent des conflits localisés.

Existe-t-il des libertés lorsqu’un Etat s’institue gendarme du monde et se juge au-dessus de toutes les lois internationales ?

Existe-t-il des libertés lorsque le terrorisme d’Etat favorise la création de groupes intégristes ?

Y a-t-il libertés lorsque les nations nanties, les multinationales qu’elles génèrent, exploitent le Tiers-Monde, pillent ses richesses, détruisent notre patrimoine commun, l’environnement, lorsqu’elles exploitent ou prostituent de jeunes gamins ou gamines ?

Existe-t-il des libertés lorsque l’argent de la prostitution, du trafic de la drogue soumet la volonté des humains à l’alcool, aux drogues ou pollue les esprits par les sectes ?

Existe-t-il des libertés, pour en terminer lorsque l’argent permet d’utiliser la force de travail de milliards d’êtres humains pour créer la richesse d’un petit nombre de privilégiés ?

La réponse est dans nos mains, chers amis. N’oubliez surtout pas que les grands patrons ont permis la prise légale du pouvoir par Hitler qui leur a offert la richesse créée par la force de travail représentée par tous les bras des hommes, de femmes et même d’enfants appartenant aux peuples qu’ils considéraient comme des sous-hommes qu’ils avaient réduit à l’esclavage ?

Aujourd’hui, Daimler, Volkswagen, Krupp ont été forcés d’indemniser tous les survivants qu’ils avaient exploités mais n’oubliez pas que les banques françaises et belges renâclent à restituer aux Juifs, les richesses qu’ils ont conservées durant autant d’années au plus grand profit de leurs actionnaires.

Excusez-moi de la longueur de mes réflexions mais le sujet me tient toujours tant à cœur au seuil de ma vie.

Robert TANGRE

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