Le ravitaillement
Le ravitaillement est l’opération qui consiste à mettre entre les mains de la population le produit des richesses alimentaires et autres créées par les industries agroalimentaires d’un pays

La répartition des richesses est en rapport avec les revenus de chacun ce qui signifie que dans un pays comme le nôtre où il y a des riches et des pauvres, celle-ci est inégale en quantité et en qualité. Ceci est inévitable dans un système d’économie de marché dont la raison d’être est la recherche du profit maximum et immédiat et non la satisfaction des besoins de chacun.
En 1940 – 45, lors de l’invasion de notre pays par les troupes allemandes, la situation changea mais pas pour le mieux. De son côté, le peuple allemand était plus contraint aussi de subir les exigences d’une économie de guerre tout comme nous. La priorité était donnée à la production d’armements nécessaires à la conquête de l’ espace vital voulu par les potentats de la haute finance du grand Reich. Celui-ci n’était pas encore assez grand à leurs yeux.
Pour ce faire, il était nécessaire de convaincre le peuple du bien-fondé des mesures de cette politique. Les hommes qui accompliraient cette tâche avaient tout trouvé en la personne d’Adolphe Hitler et de ses sbires. Par des slogans frappants, ils firent comprendre que l’ennemi se trouvait à l’extérieur et qu’ envahir les autres pays était devenu une nécessité. La population allemande, peuple aryen supérieur, ne devait donc pas être seul à supporter l’énorme effort militaire.
Fort de ces justificatifs, l’envahisseur allemand devait mettre cette politique en pratique. Tous les rouages de l’économie de notre pays devaient tourner en priorité pour satisfaire aux exigences de l’économie de guerre du grand Reich. La Belgique fut pillée. Notre production ne pouvait plus satisfaire entièrement les besoins de notre population.
Les autorités publiques furent donc amenées à mettre en œuvre les mesures de ravitaillement prévues dès avant la guerre pour assurer la répartition de ce dont on disposait entre les consommateurs ou les utilisateurs d’un bien.
Prévues dès 1938, les cartes de ravitaillement furent distribuées en février. – mars 1940. Elles comportaient des coupons mensuels à découper, un par mois pour recevoir en échange la nourriture par les services communaux du ravitaillement. Les timbres devaient assurer la subsistance de chaque détenteur de carte. Les cartes spéciales permettaient, en théorie, de recevoir des rations supplémentaires pour les maladies graves, pour les femmes enceintes ou allaitant, les bébés et certaines catégories de personnes. Les ouvriers prestant des travaux lourds recevaient à l’usine ou à la mine des timbres dits « noir » leur assurant également un supplément de pain, de graisse et de viande. Des cartes spéciales délivrées fin 1940 ont permis un approvisionnement en vêtements et chaussures.
Le but était de réaliser une plus grande justice entre tous et une meilleure efficacité dans le ravitaillement. Cette justice ne fut en réalité jamais atteinte car il est dit plus haut que les revenus étaient inégaux.
À côté d’un ravitaillement officiel s’installa un marché noir alimenté par des profiteurs qui s’enrichissaient du malheur des gens. Les prix du marché noir était exorbitants, et seuls, les riches pouvaient se payer les suppléments caloriques nécessaires à leur survie. Les plus pauvres devaient se saigner à blanc pour le faire. Ils devaient donc user d’astuces pour apaiser les affres d’un estomac qui criait souvent famine. Des exemples seront donc donnés dans la suite de ce récit. Ils constitueront un échantillon du mode de vie et des préoccupations qui étaient les nôtres pendant l’occupation et les deux ou trois années qui suivirent.
Roger Nicolas
A suivre