Histoire du centre de tourisme social « Les Cent Fontaines »

Paul Goldberg avec le foulard des pionniers

Cette maison a vu le jour à la suite d’un accident de la route survenu le 3 août 1963. Quel rapport ? N’anticipons pas….

La période de reconstruction qui a suivi la seconde guerre mondiale a vu se développer un Parti Communiste Belge (PCB) renforcé par son aura de résistance à l’occupation nazie. Son activité a connu un pic lors de la mobilisation pour la « grande grève » de 1961. Parmi les militants, on pouvait reconnaître les cadres du mouvement de jeunesse du PCB, les Pionniers (Union des Pionniers de Belgique).

Les Pionniers étaient répartis par groupes d’âge et chaque groupe était dirigé par un « moniteur ». A la tête se trouvaient les « dirigeants », eux-mêmes coiffés par le Comité Central du PCB… (Cette précision sera utile dans la suite du récit).

Le public de l’UPB était constitué par les enfants des affiliés au PCB. Parmi eux, dans la région de Bruxelles, un important nombre de Juifs survivants du conflit mondial et pour la plupart engagés dans la Résistance.

A cette époque, la cellule bruxelloise du PCB se réunissait dans ma demeure familiale située 78 avenue de Stalingrad, ce qui illustre l’adhésion de mes parents au PCB et explique celle de ma fratrie à l’UPB : les deux aînés, Paul et André, comme dirigeants ; les deux cadets, Michel et moi, comme simples pionniers.

C’est ainsi que tous les dimanches étaient occupés à des jeux, des chants, des activités ludiques dans le cadre d’une éducation politique. Une fois l’an, une collecte publique « pour les vacances des enfants nécessiteux » nous procurait un apport financier, et le lieu des vacances annuelles variait selon les opportunités.

C’est dans ce contexte qu’il convient de situer l’accident d’auto-stop qui a coûté la vie à Paul, mon frère aîné, au retour de vacances en Italie. Doté d’une personnalité charismatique, son décès brutal a provoqué un vif émoi au sein de l’UPB. A l’issue d’un procès qui a opposé mes parents à l’assurance du chauffeur, une importante somme a été obtenue en guise de dédommagement ; c’est ainsi que mes parents, qui ne se voyaient pas dépenser cet argent pour eux-mêmes, ont proposé à la Direction de l’UPB d’acquérir une « maison de vacances » via son ASBL « Unir et Bâtir ».

Arrivé au grade de moniteur et féru des théories du communiste Wilhelm Reich sur la révolution sexuelle, j’ai organisé la mixité en lieu et place des habituelles tentes pour filles et pour garçons. Nous étions bien trop sages pour en profiter, l’autocensure agissant ; toutefois, à la rentrée, la Direction du PCB a vertement tancé nos dirigeants pour nous avoir laissé faire.

C’est à la suite de ces incidents que j’ai quitté l’UPB et que je me suis engagé dans une révolte contre l’autorité scolaire et familiale qui illustrait bien l’époque qui a suivi mai 1968. D’autres ami(e)s de ma génération se sont également distancés de l’UPB car le PCB y exerçait une autorité anachronique.

On observe par la suite un déclin du PCB, de l’UPB et par conséquent de la Maison des Pionniers Paul Goldberg. Depuis les années 80, l’UPB n’était plus en mesure de rentabiliser la maison, qui s’était ouverte à des enfants provenant d’autres milieux populaires puis à des enfants placés par la justice.

Toutes les organisations de jeunesse (à l’exception toutefois des organisations chrétiennes catholiques) voyaient leurs effectifs diminuer et les plus petites ont depuis lors mis la clé sous le paillasson. Ce fut le cas de l’UPB qui cessa ses activités vers 1992. L’association de gestion du bien « Unir et Bâtir » passa un accord avec l’association de tourisme social « Tourisme populaire » pour ouvrir la Maison des Pionniers à de nouveaux publics.

La « Maison des Pionniers Paul Goldberg » de Modave est devenue, marketing aidant, « les 100 Fontaines », et je lui souhaite longue vie dans sa nouvelle formule.

Simon Henri Goldberg

https://www.lescentfontaines.be/FR/index_fr.html

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