Mon parcours politique n’a rien d’extraordinaire : parti de la charité chrétienne, je me posai la question de son utilité vers quatorze ans, en observant l’étendue de la misère (au sud du monde et dans le nôtre) parallèle à l’hypocrisie missionnaire. Mais l’explication du processus ne viendra que quatre ans plus tard, débarquant à l’université en plein chambardement politique, les auditoires étant parsemés de réunions de formation politique et de rédaction de tracts…

Je découvrais soudainement, grâce au matérialisme historique et à la dialectique marxiste, que la cause de l’injustice sociale résidait bien plus dans un processus aveugle d’accumulation de profit capitaliste que dans la méchanceté ou l’égoïsme humain. Quelle économie de temps et d’épuisement émotionnel j’allais réaliser par la suite !
Le monde ne se résume pas à des bons et des méchants, où se cacheraient un Deus Ex Machina, de sinistres illuminati, une « juiverie mondiale » ou autres sectes malsaines. Même Bill Gates, dans toute sa puissance, est tributaire du marché, lequel pourrait avaler une grande part de ses avoirs par un simple retournement spéculatif. Les phénomènes sociaux mondialisés sont bien plus causés et/ou aggravés par le marché, diffus mais observable au grand jour, que par des plans cachés.
L’histoire montre que des quantités de secteurs productifs utiles, d’inventions géniales, d’ateliers indispensables ont été simplement détruits et oubliés par le processus du marché capitaliste qui broie tout sur son passage comme un gigantesque processus d’essais et erreurs permettant une accumulation monétaire de plus en plus concentrée.
Le profit résulte de l’exploitation insensée des masses ouvrières et son accumulation monétaire se fait là où les positions sur le marché sont les plus dominantes.
Or la domination du marché, depuis une bonne dizaine d’années, est passée des échanges industriels vers le commerce numérique, lequel rapporte des rentes spéculatives bien supérieures. Il est donc parfaitement normal de constater qu’un des effets de ce nouveau rapport de force est l’écrasement des échanges locaux au profit d’une standardisation mondiale des goûts (alimentaires, vestimentaires, décoratifs ou culturels) facilitant les économies d’échelle productives, d’une part et la concentration de la production là où la classe ouvrière est la plus docile, d’autre part.
La plupart des composants informatiques, électroniques, robotiques et mécaniques, sont fabriqués dans les immenses ateliers asiatiques à côtés desquels le film de Fritz Lang, Métropolis (1927), est une aimable comptine. Néanmoins, jusqu’à présent, le pouvoir décisionnel demeure dans les bourses et bureaux feutrés des grandes compagnies occidentales.
Mais un autre acteur du marché monte en puissance, celui de la chimie, biochimie et bio technologie. Il concerne précisément le corps humain, tant en matière de production agro-alimentaire que pharmaceutique. Les profits réalisés peuvent être rapides et spectaculaires mais en même temps aléatoires car liés à des conditions naturelles, d’une part et idéologiques (voire philosophiques), d’autre part. Le rapport de l’homme à la nature et à sa propre existence singulière, originale et digne sont désormais confrontés à l’appétit de l’accumulation aveugle.

En Belgique l’espérance de vie est de 81,8 ans en 2019 (Statbel) (mais avec une grande différence entre les femmes, 84 ans et les hommes, 79,6 ans). Mais la mort d’une personne frappe bien plus les esprits si elle a soixante ou septante ans que quatre-vingt ou nonante ans. C’est ainsi que si « l’âge moyen des personnes décédées des suites du Covid-19 est de 83 ans » (rapport Sciensano du 26/08/2020), il n’en reste pas moins vrai que chacun d’entre-nous a été particulièrement sensibilisé par la disparition de parents ou d’amis bien plus jeunes que cet âge statistiquement « normal ».
De là à prétendre que le risque de mourir (ou d’être gravement malade) concerne EGALEMENT tout le monde, est un pas (mensonger) qui a été allègrement franchi par la presse, les consultants et dirigeants dès le printemps 2020.
Il s’en est suivi une crainte totalement disproportionnée tant dans le chef des hommes politiques que des citoyens au point de prendre (et soutenir dans le chef des administrés) des dispositions juridiques sans base légale ou attentatoires, pour longtemps, aux droits et libertés civils. On marche désormais masqués dans les quartiers de Liège, vidés de toute activité socio-culturelle, ou dans les campagnes, même là où il n’existe aucune contrainte juridique ni le moindre risque objectif.
La conséquence de cette idéologie dominante hyper-sanitaire est l’extrême perméabilité des consciences à toute solution pharmaceutique, indépendamment des réserves émises et même de l’intérêt réel au vu des risques objectifs.
Bref, si absolument aucun élément sérieux (et non mythique) n’indique la responsabilité de l’industrie pharmaceutique dans la genèse de l’épidémie, il est clair que les commandes de remèdes par les états sont devenues d’autant plus pharaoniques que la crainte est objectivement disproportionnée à l’échelle planétaire.
En résumé, le marché dominant (commerce numérique, rejoint par la bio-chimie) tire manifestement les marrons du feu d’une panique disproportionnée mais soigneusement entretenue par les marchands d’audimat et, dès lors, soutenue par les trois quarts des populations.
En réponse, nous devons dès lors désangoisser nos proches et nous réunir pour défendre nos échanges locaux contre les multinationales dominant l’accumulation capitaliste.
Jean-Paul Brilmaker